Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/79

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Hippolyte.

Qui vous l’a dit ? Paris.

Clinias.

Qui vous l’a dit ? Paris.Ne pouvait-il se taire ?
Comme si nos adieux étaient trop doux à faire…
Après une pause.
Puisqu’il vous a livré le secret de mon sort,
Fuyez donc maintenant pour ne pas voir ma mort.

Hippolyte.

Non ! à moins que d’avoir en partant la promesse
Que vous vivrez.

Clinias.

Que vous vivrez.Eh quoi ! mon sort vous intéresse ?
Allez ! cette existence, à l’instant de finir,
Ne vaut pas un regret, pas même un souvenir.
Ma mort est nécessaire ; il faut que je périsse
Pour me tirer enfin de ce bourbier du vice.

Hippolyte.

Lorsque je vous dois tant…

Clinias.

Lorsque je vous dois tant…Vous ne me devez rien
C’est moi qui vous dois tout, et vous le savez bien ;
Je vous dois… un instant de fierté qui m’enivre ;
Je vous dois de mourir tel que j’aurais dû vivre !
Dans un dédain haineux mon cœur s’était serré
Au spectacle des gens dont j’étais entouré,
Et j’avais, méprisant compagnons et maîtresses,
Laissé tarir en moi la source des tendresses.
Enfin de ces méchants j’étais presque l’égal,
Et n’avais plus de bon que la haine du mal,