Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/178

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Pingoley.

Vous ne le voulez pas, je le sais.

Madame Bernier.

Vous le savez, mais vous ne le croyez pas. Eh bien ! franchise pour franchise : je suis convaincue que je vous plais et que vos projets de mariage n’en veulent pas seulement à ma fortune ; vous me plaisez beaucoup aussi, et je vous prie d’être persuadé que votre marquisat n’y entre pour rien. Ceci posé, je vous préviens que j’ai un tel amour de mon indépendance, que pour rien au monde je ne voudrais m’engager dans un lien d’aucune sorte. Maintenant voulez-vous de mon amitié ?

Elle lui tend la main.
Pingoley.

De celle que vous accordez à mon ami La Palisse ?

Madame Bernier.

J’ai autant de nuances d’amitié que d’amis. — Acceptez-vous ?

Pingoley, lui baisant la main.

Oui, madame, mais en réservant toutes mes espérances. Je ne veux pas non plus vous prendre en traître, et je vous préviens que mon amitié ne sera qu’une cour déguisée.

Madame Bernier.

Soit ; on peut tout dire sous le masque, et je ne déteste pas un brin de galanterie, car je suis un peu coquette, je dois vous l’avouer.

Pingoley.

C’est un aveu qu’une très honnête femme peut seule se