Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/306

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Henri.

Tu tiens à reprendre ?

Charrier.

Oui, morbleu ! Tu as fait des sottises, et je veux, non plus te gronder, tu m’as tait perdre le fil de ma colère, mais te parler raison.

Henri.

Reprenons donc. Je te disais qu’en me fermant la carrière militaire, tu m’avais condamné à l’oisiveté, et que, l’oisiveté étant la mère de tous les vices, tu devais avoir des bontés pour sa petite famille.

Charrier.

Mais il y a d’autres carrières.

Henri.

Permets ! Si je suis trop riche pour faire ce qui me plaît, à plus forte raison pour faire ce qui ne me plaît pas. Concession pour concession : je consens à ne pas être soldat ; mais tu me permettras, en retour, de n’être rien du tout, et, partant, de faire quelques folies pour passer le temps, jusqu’au jour où il te plaira me marier. Elles coûtent un peu cher, mais tu es millionnaire.

Charrier.

Aussi n’est-ce pas ta dépense qui me contrarie le plus… j’aimerais mieux te voir dépenser le double à autre chose.

Henri.

Oui, à autre chose qui ne m’amuserait pas.