Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/316

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Charrier.

Moi !

Le Marquis.

Vous la donnez tous les jours à des gens qui ne valent pas mieux que lui.

Charrier.

Jamais !

Le Marquis, lui prenant la main.

Homme vertueux ! — Je suis moins puritain que vous. (Il lui lâche la main et secoue ses doigts, après avoir passé à gauche, où il s’assied.) Mais permettez-moi d’admirer votre inconséquence. Vous êtes dans les meilleurs termes avec M. Barbançon, qui est une lourde bête…

Charrier.

C’est un honnête homme.

Le Marquis.

Le salueriez-vous s’il était pauvre ?

Charrier.

S’il était pauvre, je ne le connaîtrais pas.

Le Marquis.

C’est donc uniquement sa position que vous connaissez et son argent que vous saluez. Eh bien, croyez-vous qu’il y ait bien loin de saluer l’argent d’un imbécile à saluer l’argent d’un fripon ? — Contredisez-moi si vous pouvez, mais ne haussez pas les épaules. — Quant à moi, j’adore l’argent partout où je le rencontre ; les souillures humaines n’atteignent pas sa divinité ; il est parce qu’il est.