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La Marquise.

Oui, mon enfant… Je te consolerais mal et tu m’en voudrais. J’ai eu dans ma vie, j’ai encore de tels chagrins, que les tiens me paraissent enviables.

Clémence.

Je t’ai fait de la peine ?…

La Marquise.

Ah ! ce n’est pas ta faute. Tu as rouvert une blessure que je croyais fermée. — Va, mon enfant ; j’ai besoin d’être seule. Il n’y a pas de malheur irréparable à ton âge.

Clémence.

Oh ! j’ai du courage.

La Marquise.

Moi aussi. Adieu, mon ange.

Clémence.

Ma pauvre marraine !

Elle l’embrasse et sort par la droite.



Scène IX

LA MARQUISE, seule.

Il l’aime. Que suis-je pour lui, moi ? Une passion satisfaite, une habitude, une servitude !… L’ingrat ! moi qui… (Riant amèrement.) moi qui tout à l’heure encore faisais des avances à un libertin de mauvais ton, au frère même de