Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/26

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Le Marquis.

Ah ! c’est mal ! vous ne me traitez pas en ami. Je mérite d’autant plus votre confiance que je n’en ai pas besoin, vous connaissant comme si je vous avais faite. L’alliance d’un sorcier n’est pas à dédaigner, baronne.

La Baronne, s’asseyant près de la table.

Montrez votre sorcellerie.

Le Marquis, s’asseyant en face d’elle.

Volontiers ! Donnez-moi votre main.

La Baronne, ôtant son gant.

Vous me la rendrez ?

Le Marquis.

Et je vous aiderai à la placer, qui plus est. (Examinant la main de la baronne.) Vous êtes belle, riche et veuve.

La Baronne.

On se croirait chez mademoiselle Lenormand.

Le Marquis.

Avec tant de facilités, pour ne pas dire de tentations à mener une vie brillante et frivole, vous avez choisi un rôle presque austère, un rôle qui demande des mœurs irréprochables, et vous les avez.

La Baronne.

Si c’était un rôle, vous avouerez qu’il ressemblerait fort à une pénitence.

Le Marquis.

Pas pour vous.