Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/270

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Marguerite.

Je vous dis de regarder cet habit.

Elle le fait passer à gauche.
Munius.

Je le connais déjà. J’en ai offert six francs, il y a quinze jours.

Marguerite.

Il en vaut vingt à présent.

Munius.

Parce qu’il a vieilli ? Vous voyez bien que la vieillesse a son prix. Allez, si vous m’épousiez, vous ne vous en repentiriez pas. Je suis très vieux, et je décéderais au bout de six mois.

Marguerite.

Taisez-vous, brocanteur. Vous me voleriez un an.

Munius.

Non, je vous jure. J’ai eu une jeunesse très orageuse, très évaporée. Je vous laisserais tout mon bien.

Marguerite.

Nous en reparlerons de demain en quinze. Voulez-vous me donner vingt francs de cet habit ?

Munius.

J’ai huit cents livres de rente sur le grand-livre, savez-vous, et un catarrhe, un vrai catarrhe.

Marguerite.

Malin ! Vous voulez placer votre cœur en viager. On connaît ces tricheries-là.