Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/274

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Marguerite.

Vous ne savez ce que vous dites. C’est moi qui vous donne la berlue, je pense ; — je vais m’éloigner pour vous éclaircir la visière.

Elle se met à la fenêtre à gauche en fredonnant.
Munius, sur le devant de la scène, l’habit à la main.

Ils le vendraient mieux, comme amadou que comme habit. (Il le secoue.) Tiens, il y a quelque chose dans la poche… (Tirant la montre…) Oh !… une montre… en or massif ! (La pesant.) elle est lourde !… Sont-ils étourdis ces jeunes gens ! Voilà la seconde fois… Fi ! Munius ! La première fois, il ne s’agissait que de cinq francs. Mais une montre, ce serait un vol, car enfin ça représente un joli denier, ce bijou… ça vaut bien… Peuh ! Elle est vieille ! c’est une casserole. On n’en tirerait que le poids de l’or !… Est-elle en or ? En tout cas, la boîte est bien mince. Voyons donc un peu : l’habit vaut trois francs, bien payé. En en donnant vingt, est-ce que je ne paye pas la montre à peu près ?

Il la remet dans la poche de l’habit.
Marguerite, revenant à Munius.

Eh bien, qu’en dites-vous ?

Munius.

Ça vous ferait donc bien plaisir ?

Marguerite.

Sans doute !

Munius.

Eh bien, mam’selle, vous allez voir si je vous aime. Voilà les vingt francs.

Il lui donne quatre pièces de cinq francs.