Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/304

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Tenancier.

Et pour le reste ?

Lucien.

Pour le reste, il joue à la Bourse.

Tenancier.

Et il joue de manière à ne rester honnête qu’à la condition de toujours gagner. Le jour où il perdra, sais-tu avec quoi il soldera ses différences ? Avec son honneur.

Lucien.

Ce jour-là, il se fera sauter, tous ses amis le savent ; et ses créanciers se rembourseront rien qu’avec la vente de ses meubles et de ses objets d’art.

Tenancier.

Pourquoi se ferait-il sauter, s’il laissait de quoi faire face à ses engagements ?

Lucien.

Il a un mot énergique en réponse à ta question : il appelle son luxe sa dépouille mortelle. C’est un homme trempé, va ! Il dit souvent : « La vie ne vaut pas qu’on l’accepte sans conditions ; tant qu’elle se laissera mener à grandes guides, j’y consens ; le jour où elle m’obligera à trottiner, bonsoir ! »

Annette.

Et il est homme à le faire comme il le dit.

Tenancier.

Vous croyez cela, vous autres ? Pour que vous vous laissiez prendre aux grands mots, il suffit donc qu’ils soient malhonnêtes ? C’est pitoyable ! — Au surplus, que ce monsieur se tienne ou non parole, peu m’importe. Je ne