Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/325

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dans un grand bal chez monsieur… Trois-Étoiles. Quelques jeunes gens aimables se sont retirés du commerce des dames dans un arrière-salon où ils ont installé une table de baccarat, les uns assis, les autres debout. Monsieur mon fils joue debout ; il a la veine et met négligemment son gain dans son chapeau, qu’il tient derrière son dos. Tout à coup il entend crier : « Voleur ! » Il se retourne et voit un petit jeune homme de dix-sept ans, blanc comme un linge, à qui un joueur venait de saisir le poignet au moment où il glissait la main dans le chapeau. Qu’auriez-vous fait à la place de Lucien ?

Lucien.

Ajoute que le pauvre garçon jouait avec moi de compte à demi, et qu’il avait droit de puiser à la masse commune. Cette simple explication a suffi, et il n’y a eu là dedans de confusion que pour ce gros bêta de Saint-Julien, qui a fait ses excuses au petit bonhomme.

Aline.

Je ne vois pas en effet…

Tenancier.

Écoutez la fin de l’histoire, et vous verrez que ce garnement ne se calomnie pas quand il dit du mal de lui-même. Figurez-vous que le petit jeune homme le volait bel et bien…

Lucien.

Mais pas du tout !

Tenancier.

Qu’il n’y avait pas la moindre association entre eux…

Lucien.

Où prends-tu cela ?