Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/352

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Lucien.

Oui ; mais, si je le sais, regarde-toi dans la glace.

André.

Si tu le sais, c’est toi que je regarde, et entre les deux yeux. — Allons ! voilà encore que je donne dans le panneau ! Je me couvre de ridicule comme toujours… mais, franchement, pouvais-je m’attendre à une charge quand il s’agit de ta sœur.

Lucien.

Comment veux-tu, bêta, que d’Estrigaud fasse à ma sœur une cour sérieuse quand il a une maîtresse officielle ? Il est en coquetterie avec Annette, rien de plus.

André.

À la bonne heure ; mais c’est déjà trop. Je te déclare que, si un homme était en coquetterie pareille avec Aline…

Lucien.

C’est tout différent : Annette est veuve, elle sait ce qu’elle fait, et je te prie de croire qu’elle est honnête femme.

André.

Tu n’as pas besoin de m’en prier. Mais une honnête femme est peut-être plus facile à compromettre qu’une autre, parce qu’elle ne se croit pas vulnérable. Enfin, veille au grain. Fille, femme ou veuve, une sœur est toujours sous la garde de son frère.

Lucien.

Ventre-de-biche ! ami Lagarde, tu es bien nommé.