Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/381

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Annette.

Maintenant, je m’en vais.

D’Estrigaud.

Pas tout de suite, ou ce drôle croira qu’on peut entrer parce que vous n’y êtes plus.

Annette.

C’est vrai… mais s’il arrive quelqu’un ?

D’Estrigaud.

Il n’arrivera personne ; la consigne a dû descendre jusqu’à la loge du concierge, qui ne sait pas votre nom, lui. Sacrifiez encore cinq minutes à l’opinion de M. Quentin, et permettez-moi d’en profiter pour moi-même. Aussi bien ai-je une explication à vous donner.

Annette.

Sur quoi, mon Dieu ?

Elle s’assied près de la table.
D’Estrigaud.

Sur la rareté de mes futures visites. Je serais désolé que vous puissiez l’attribuer à un pur caprice. Votre frère sort d’ici. Il trouve mes assiduités compromettantes, — ce sont ses propres expressions, — et il me prie de les suspendre.

Annette.

De quoi se mêle-t-il ? Ne suis-je pas d’âge à me conduire ?

D’Estrigaud.

Sans doute, mais ce n’est pas à moi de le lui dire : je suis trop son ami pour lui résister sur un point si délicat.