Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/48

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Giboyer.

Pendant le jour ; le soir, contrôleur au théâtre des Célestins. Je ne m’étendrai pas sur ce contraste si philosophique.

Le Marquis.

Je vous en remercie. Et quelle est votre dignité dans les pompes ?

Giboyer.

Ordonnateur. C’est moi qui dis aux invités, avec un sourire agréable : « Messieurs, quand il vous fera plaisir. »

Le Marquis.

Permettez-moi de m’étonner qu’avec votre talent, vous n’ayez pas su mieux tirer votre épingle du jeu.

Giboyer.

Vous en parlez bien à votre aise. Le maniement des épingles demande une finesse de doigté incompatible avec les charges que j’ai toujours eues sur les bras : mon père d’abord, Maximilien ensuite.

Le Marquis.

Aussi pourquoi diable vous amusez-vous à recueillir des orphelins ?

Giboyer.

Que voulez-vous !.. le prix Montyon m’empêchait de dormir. (Se levant.) Vous permettez, n’est-ce pas ? Je ne peux pas rester en place. — Et puis j’avais alors une bonne situation dans le journal de Vernouillet ; j’avais enfin le pied à l’étrier ; mais, paf ! le cheval crève sous moi et je retombe sur le pavé, au moment de payer le second trimestre du petit homme au collège. Il fallait trouver une position du jour au lendemain ; on m’offrit