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III


NOTES SUR LE STYLE ROMAN


Le Gothique, c’est l’histoire de la France, c’est l’arbre de toutes nos généalogies. Il préside à notre formation, comme il vit de nos transformations. Il persiste dans les styles qui le suivent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ces styles sont ses déclinaisons.

Parce qu’il vient des Catacombes, des premiers chrétiens, qui vivaient dans des cryptes épaisses et cachées, le Roman est un style humble et sombre comme la naissance de la religion.


Le Roman est toujours plus ou moins la cave, la crypte lourde. L’art y est prisonnier, sans air. C’est la chrysalide du Gothique.

Comme l’exigeait l’ordre, cette chrysalide n’a que les formes essentielles qu’on verra s’historier dans l’être parfait. Elles sont d’une austère simplicité, avec un ourlet, une bordure de ceinture et des festons, ressautant autour d’une fenêtre pour repartir plus loin jusqu’à une autre fenêtre, et ainsi enguirlandant l’édifice. On retrouverait cette belle simplicité décorative dans la passementerie copte.

Le Gothique, même au temps de sa plus excessive prodigalité d’ornements, n’a jamais méconnu le principe roman. Il est français. Il succède au Roman comme la fleur succède au bouton.