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sur cette belle figure, savait bien que la draperie de l’ombre est nécessaire à l’expression de la divinité des âmes !


En sortant, j’ai voulu étudier une fois encore mon grand bas-relief du portail, semblable à un sarcophage sur un haut mur crénelé.

Voilà une hauteur de sept mètres, je pense, sur autant de large ; un mètre de saillie pour le contrefort sur le mur ; un peu plus de profondeur à la porte, le double peut-être.

L’ombre se modèle nettement en noir autour des figures, taillées un peu à l’emporte-pièce ; c’est ce qui lui donne l’aspect bas-relief-haut-relief. Sans excès de grâce, cela n’a pas la sécheresse du byzantin-arabe, parce que les voussures de l’archivolte superposent en biais les saillies et l’ordonnance de l’ombre.

Il n’y en a pas moins, dans ce style, une sévérité dont nous reposera la douceur gothique. La justice, l’austérité, la discipline s’affirment en ces saillies arrêtées, limitées dans leur élan. Élan retenu qui surgira plus tard. L’énergie de croire deviendra la volupté de croire, la discipline se fleurira de joie.

Le grand souci des Gothiques fut, à la différence des Romans, de demander au conflit calculé de l’ombre et de la lumière la souplesse du détail. — Ce bas-relief est plutôt roman ; le noir y est ciselé. Mais que cela est majestueux de barbarie naïve et de force !

Gothiques ou romanes, d’ailleurs, nos Cathédrales sont toujours sublimes par cette sagesse des proportions, qui est, à la fois, la vertu avant toutes essentielle et la splendeur de la nature et de l’art.

Voyez, dans cette église d’Étampes, comme les grands murs, par le silence de leurs surfaces, préparent l’effet éloquent du portail et l’effet chanteur du clocher, si compact et pourtant si ajouré !

Adorable génie de l’homme, qui livre pour des siècles aux baisers des astres tout son amour, toute sa foi, tout son travail, en un seul motif de gloire !


Les Cathédrales sont mes fées merveilleuses ; elles m’instruisent en me charmant.