Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/330

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outre du grand effet de base qui la sépare du bas-relief inférieur. — Au-dessous, des festons noirs jettent de l’ombre.

Je distingue mal le second bas-relief : quelques effets, encore des festons noirs, des ombres en dessous. Il est beau aussi, pourtant, je le sens.

Mais, le troisième bas-relief est plus grand. Les saints, dans les voussures étoilées, évoquent l’immense voûte où sont les réelles étoiles. Ce que j’en vois est d’une grandeur attique, l’antique subsiste ici, il y a là sa sagesse immortelle, — cette sagesse qui ne contente plus nos pauvres esprits malades. Une fois de plus, m’est prouvée cette vérité : point d’autre originalité viable que celle du goût et de l’ordre.

Cette troisième porte est presque byzantine. Quelle science ! c’est un souvenir asiatique : la momie d’une grande humanité ; ses draperies sont vraiment des linceuls. — Les femmes y sont comme dans un chœur d’Eschyle : impassibles, immuables, la tête penchée, à peine. Une, seulement, détache son avant-bras ; toutes les autres lignes sont rentrées. — Les anges sont assyriens ; sans douceur, sans bonté. La large manche de l’un d’eux suggère le geste d’un fauve puissant. Il y a aussi des mouvements assyriens dans l’ange qui adore et dans celui qui encense. Le Christ, drapé, rayonne sur son trône. Le mouvement de ses bras ouverts, partagés, distribue la justice. Sa draperie, selon la tradition, rappelle la toge. Un rhythme ascendant de danse enlève les anges, malgré les plis serrés de leurs tuniques et bien que leurs jambes restent unies.

On devine dans ces attitudes des lois, intransgressibles, implacables, abstraites, comme le Credo, qui est le monument, la pierre angulaire et la base de la religion. Ces lois sont une raison d’État ; elles déclarent hérétique toute modification.

Les ornements sont presque tous selon le style byzantin. Les figures elles-mêmes sont soumises à ce style : l’être humain décline en longueur de colonne. On peut voir, là, quelque apparence de barbarie : ce n’est qu’une apparence, car la synthèse est toujours bien. L’essentiel y est. Une haute géométrie préside à l’ordonnance et de ces figures et de ces ornements.

Dans les rinceaux, l’homme se mesure et se bat avec des oiseaux, des lions. Il n’y a pour eux et au-dessus d’eux que l’ombre et la lumière. Seul, le divin est au-dessus de l’homme, des animaux, des végétaux. On s’est contenté