Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/461

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O la beauté des voussures ! Je ne les aperçois qu’en ce moment, et voilà trois jours que j’étudie, que j’admire… Mais je suis un peu ébloui de tant de splendeur.

Que n’ai-je fait mes études ici, devant ces voussures ! Peut-être, il est vrai, ne les aurais-je pas comprises, jadis. N’est-ce pas le résultat, le fruit des efforts de ma vie entière que je cueille, à cette heure où mes admirations se fondent sur de si solides certitudes ? — Puisse mon exemple avoir quelque autorité auprès des vrais amants du Beau !

Glorieux auteurs du Parthénon, reconnaissez ici l’œuvre de vos frères, de vos égaux. De la grande science du plein air sculptural, les Gothiques savaient autant que vous.


Et moi — si ce retour personnel m’est permis — n’ai-je pas marché tout ensemble sur vos traces et sur les leurs ? Ne me suis-je pas approché de vous un peu, maîtres grecs, maîtres gothiques, avec la statue de Balzac, dont on peut dire tout ce que l’on voudra, mais qui n’en est pas moins un pas décisif pour la sculpture de plein air ?…


Le secret du Gothique ! Tâchons de comprendre les Grecs : si nous y parvenons nous n’aurons que peu d’efforts à faire pour comprendre notre douzième et notre treizième siècle.


Austères et aimables études ! Avec quel enthousiasme je les poursuis ! Je reçois aujourd’hui la récompense de tant d’années d’obstination au travail.


J’entre…

D’abord, l’extrême éblouissement ne me laisse percevoir que de lumineux violets ; puis, mon regard peu à peu distingue une arcade immense, sorte d’arc-en-ciel ogival qui apparaît auprès du ressaut des piliers.

Le mystère s’évanouit lentement, lentement l’architecture se précise. Et l’admiration s’impose, irrésistiblement.