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voussures du portail de Reims. La Vierge triomphe dans le haut fronton : couronnement de la Femme, geste divin, auquel tous les hommes s’associent, avec les anges, serviteurs ravis. — Triomphe de la douceur, apothéose de l’obéissance ; chef-d’œuvre du conseil pour les femmes.

Celle-ci, radieuse, tient son enfant, le fils de Dieu. Et l’enfant de toutes les femmes n’est-il pas toujours le fils de Dieu ?


Caen.

Caen fut une capitale organisée de l’ancienne beauté.

Il y a des chefs-d’œuvre de premier ordre, où triomphe une Renaissance issue du Gothique.

Quelle admirable profusion d’esprit !


L’esprit français est dans toute sa force avec l’art gothique. Il s’appauvrira, mais se régularisera, à l’excès peut-être, avec la Renaissance italienne.

Le baldaquin de Caen (bronze et marbre, Renaissance italienne) est de toute beauté. Dans les hauteurs un ange et des enfants. C’est la mise en scène des opéras, mais quelle magnificence ! Ces tribunes, ces balcons, la rectitude de l’architecture, ce pas de danse, la délicatesse des fers forgés…

Mais aujourd’hui Caen prend le mot d’ordre à Paris, et tout ce qui vient de là est maigre, sans goût. C’est la leçon de ces révolutionneurs d’architecture qui recollent tout, censément, qui, en réalité, détruisent tout. Ils étouffent les monuments, ils altèrent la face de l’art français, ils le déshonorent et l’anéantissent.

Complicité du temps. Il a fallu traverser tout un siècle d’aberration et de ruines pour atteindre au XXe, qui remontera à la source pure. Mais pour que le XXe accomplisse l’œuvre bienfaisante, il faudra de profonds changements dans les mœurs.

Voyez la restauration du chevet de Saint-Pierre : on dirait l’imitation d’un meuble du faubourg Saint-Antoine.


Église de Cambronne (Roman).

Le bas-côté part avec un gros pilier ; groupe ombré. La perspective est modelée en doux ; rien de dur ; la lumière est de miel ; les ogives se