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Les dessus de fenêtres en longueur de la Chancellerie n’expriment rien que cette agréable distribution des saillies qui sortent et rentrent sur le fond, apparaissent et disparaissent, sans autre fonction que de donner le gras, le souffle à la sculpture, qui fait si bien sur le nu du mur.

Notre époque, méconnaissant les lois de l’architecture, a cru pouvoir demander des effets aux idées. Révolution néfaste ! Il n’y a rien à chercher dans cette voie. Nous commençons à en revenir, — bien tard.

Pour résumer : c’est l’éclairage qui règle l’architecture, ce n’est pas le « rationnel », terme barbare. Le dessin pur, correct, « filé » à la Ingres, et qui ne tressaille, ne sursaute pas, est un dessin qui ne tient pas compte du plan ; il est maigre, dur, pauvre.


Le Roman s’est répété en broderies, ornements, festons.

Comme c’est simple ! un ourlet, bordure ornée, copte, étrusque…


Musée du Trocadéro. — Quelle étonnante beauté conservent ces bas-reliefs barbares, romans ! C’est que le plan antique est leur tissu : les fautes de formes ne peuvent rien contre la beauté du style.

Quand j’étais jeune, je trouvais tout cela affreux. C’est que je regardais avec des yeux de myope ; j’étais ignorant, comme tout le monde. Plus tard, j’ai vu ce qu’on faisait de mon temps et j’ai compris où étaient les Barbares.


Aux jours du style roman, alors que les hommes se jouaient dans les chapiteaux avec leurs chimères et que l’architecture, comme la loi de Dieu, commandait à la foule et ordonnait selon la symétrie la récompense et le châtiment, la vérité s’inscrivait au fronton du temple. C’est le commandement terrible du Destin, qui veut la naissance et qui veut la mort, et auquel le Dieu lui-même obéit, ce Dieu du tympan formidable, ce Juge, entouré de son lion assyrien, de son ange à la tunique plissée, de son taureau mugissant…