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On nous enseigne les choses comme si elles étaient divisées, et l’homme les laisse divisées. Rares ceux qui consentent le patient effort qu’il faut pour les rassembler.

Le secret d’un bon dessin est dans le sens de ses concordances : les choses s’élancent les unes dans les autres, se pénètrent et s’éclairent mutuellement. — C’est la vie.


Le sculpteur fait une description successive de ces choses sans perdre le sens de leur unité.


Qu’il n’y ait pas de suture, que tout se présente comme un dessin fait d’un coup.


N’oubliez pas que le style, en dessin, c’est l’unité, obtenue par l’étude et non par une sorte d’inspiration idéale. C’est la patience, en un mot, qui est la sculpture.


Voyez-vous cette grâce qui se précipite et remplit tout de ses charmes ? C’est l’architecture animée du XVIIIe siècle, c’est l’ornement, que l’on méprise à tort, car, ce style orné, c’est la synthèse même de l’architecture.


Le soulevé, effet magnifique du modelé, paraît multiplier les saillies tout en affirmant, tout en augmentant la simplicité. Mais cet effet serait illusoire si ce « passage » ne s’arrangeait avec tous les autres. C’est l’unité qui est le modelé, et le sculpteur se trompera toujours s’il n’y sait pas réduire ce protée de femme ! Il n’obtiendra l’unité, il ne l’arrachera qu’en faisant la somme des profils.


Dans les marbres antiques, toutes les saillies s’arrondissent, les angles sont camardés. Les courbes ont été interprétées par les Grâces. Nul autre peuple que le peuple grec n’a eu cette souplesse vitale, cette jeunesse. La France a eu la finesse, l’esprit ; peut-être cette suprême ardeur du modelé attendri lui a-t-elle manqué. Il arrive parfois, dans la sculpture française, que le délicieux soit pauvre, que le délicat manque de profil et l’ineffable