Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome III.djvu/10

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Christ ou plutôt les louanges du Christ dans Totre personne, et de les entendre de la bouche d’un honmie trop vrai pour me tromper et trop votre ami pour ne pas vous connaître 1 Je savais déjà sur vous, par d’autres témoignages, bien des choses qui n’étaient cependant ni aussi complètes , ni aussi certaines ; je n’ignorais pas combien votre foi est pure et catholique, comme vous attendez pieusement les biens futurs , combien vous aimez Dieu et vos frères, combien vous êtes éloigné de tout oi*gueil dans les fonctions les plus hautes, ne mettant point votre espérance dans les richesses incertaines , mais dans le Dieu vivant ; combien vous êtes riche en bonnes œuvres, combien votre maison est le repos , la consolation des saints et la terreur des méchants ; avec quels soins vous empêchez que les anciens ou les nouveaux ennemis du Christ , se couvrant du voile de son nom , ne dressent des pièges à ses membres , et comment , tout en déteslant l’erreur , vous cheixhez le salut de ces mêmes ennemis. Voilà ce que habituellement j’entends dire de vous ; mais maintenant j’en suis bien plus sur, et j’en sais davantage, grâce aux récits de notre frère Firmus.

3. Et de qui donc, si ce n’est d’un intime ami connaissant à fond votre vie, auris je appris cette pudicilé conjugale que nous pouvons louer et aimons en vous ? 11 m’est doux de m’entretenir familièrement et longuement avec vous de ce bien spirituel qui est l’ornement de votre vie et un don de Dieu. Je sais que je ne vous fatigue pas quand je vous envoie quelque œuvre de moi un peu étendue , et quand une lecture prolongée vous fait rester longtemps avec moi ; je n’ignore pas iju^au milieu de tant de soins qui remplissent vos jours, vous lisez aisément et volontiers , et que vous aimez beaucoup mes ouvrages , ceux même qui sont adressés à d’autres , lorsqu’ils viennent à tomber entre vos mains. Combien dois-je espérer que vous lirez avec plus d’attention et que vous aimerez mieux encore un livre écrit pour vous, et où je vous parle comme si vous étiez présenti Passez donc de cette lettre à l’ouvrage que je vous envoie, et qui, dès son commencement, apprendra plus convenablement à votre révérence pourquoi il a été écrit et pourquoi c’est à vous principalement que je l’adresse.

LETTRE CCI.

(Année 419.)

Celte lettre, adressée à Aiirèle de Carlhage, et dont une copie spéciale fut envoyée à saint Augustin , est un ténidionaee de l’intervention directe des empereurs chrétipns dans les affaires chréliennes ; on y trouve à la fois la soumission au jugement des évêques en matière ecclésiastique et le zèle pour le maintien de l’unité catholique. La cause de la religion était devenue celle de l’Etat.

LES EMPEREURS H0>'0RIUS ET THEODOSE, AUGUSTES, A l’évèque AURÈLE, S.UUT.

1. Depuis longtemps il a été ordonné que Pelage et Célestiiis, inventeurs d’une doctrine exécrable et corrupteurs de la vérité catholique, seraient expulsés de Rome, de petir que leurs fune.^les discours ne pervertissent l’esprit des ignorants. Notre clémence a suivi en cela le jugement de votre sainteté par lequel, après un sérieux exaii en, ils ont été condamnés. Leur criiuinelle opiniâtreté dans l’erreur nous oblige à renouveler notre prescription, et nous venons de décider que ceux qui, sachant en quel endroit de l’empire se trouvent Pelage et Célestius, auront négligé de les chasser ou de les signaler, seront punis de la même peine comme complices.

2. Il importerait surtout, père très-cher et Irèsaffeetionné, que votre sainteté pût opposer son autorité à l’attitude de certains évèquesqui, persistant dans l’erreur, viennent en aide aux deux novateurs par un consentement tacite, ou refusent de les attaquer publiquement. 11 faudrait que le dévouement chrétien de tous ces évêques proscrivit cette hérésie funeste , jusqu’à ce qu’il n’en restât plus aucune trace. Que votre religion s’adresse donc à eux tous par écrit et porte à leur connaisance le décret suivant : Ceux d’entre eux qui négligeront, par une obstination impie, de souscrire la condamnation de Pelage et de Célestius, et de faire ainsi connaître la pureté de leur foi , seront dépouillés de la dignité épiscopale , chassés pour toujours de leurs cités et retranchés de la communion de l’Eglise. Tandis que, fidèles au concile de INicée, nous adorons sincèrement Dieu créateur de toutes choses et fondateur de notre Empire, votre sainteté ne souffrira pas que les partisans d’une secte détestable , méditent contre la religion des nouveautés injurieuses, défendent, par des écrits secrets, une doctrine sacrilège que l’autorité publique a une fois condamnée. On favorise autant le mal par une complicité muette que par l’impunité : vous le savez, très-cher et très- affectionné père.

Et d’um autre main : Que Dieu vous conserve durant longues années ! Donné à Ravenne , le 3 des ides de juin, sous le consulat de Munaxius et de Plinta. Une lettre semblable fui adressée au saint évèque Augustin.