Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/161

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appelons âmes les mêmes vents, c’est-à-dire, si les vents sont une figure symbolique des âmes, selon cette expression d’un autre psaume : « Il a volé sur les ailes des vents[1] » c’est-à-dire sur les vertus des âmes, ce qui fait qu’un souffle de Dieu prend le nom de vent ou d’âme ; non point qu’il nous faille entendre par là ce vent qui pousse notre corps et qui est sensible, mais quelque chose d’invisible qui échappe à la perspicacité de nos yeux, à la sensibilité de nos oreilles, au discernement de l’odorat, à la perception du goût, au toucher des mains : mais une certaine vie, qui nous anime et que l’on appelle âme ; si, dis-je, nous entendons ainsi les vents, il n’est pas nécessaire de chercher des ailes visibles, pour voler avec les oiseaux et adorer Dieu dans son temple ; mais nous trouverons que Dieu est assis au-dessus de nous-mêmes, si nous voulons lui être fidèles. Voyez si tel n’est point le sens de ces paroles de l’Apôtre : « Le temple de Dieu est saint et vous êtes ce temple[2] ». Il est certain néanmoins, il est évitent que Dieu habite dans les anges. Donc lorsque dans la joie qui nous vient des biens spirituels, et non des biens terrestres, nous chantons des hymnes à Dieu en présence des anges, cette congrégation des anges devient le temple de Dieu, et nous adorons le Seigneur dans son temple. Quant à l’Église de Dieu, elle est sur la terre et dans le ciel ; l’Église de la terre se compose de tous les fidèles, l’Église du ciel de tous les anges. Mais le Seigneur des anges est descendu vers l’Église d’ici-bas, et ses anges le servaient, lui qui était venu pour nous servir[3]. « Car », nous dit-il, « ce n’est point pour être servi, mais pour servir, que je suis venu[4] ». Que nous a-t-il servi, sinon ce qui fait aujourd’hui notre nourriture et notre breuvage ? Si donc le Maître des anges a bien voulu nous servir, ne désespérons pas d’être un jour les égaux des anges. Celui qui est plus grand que les anges, s’est donc abaissé jusqu’à l’homme, le Créateur des anges s’est revêtu de l’homme, le Maître des anges est mort pour l’homme. « Je vous adorerai dans votre saint temple » : c’est-à-dire, dans ce temple qui n’est pas fait de la main des hommes[5], mais que vous avez fait.
5. « Je confesserai votre nom dans votre miséricorde et votre vérité ». Tels sont les deux attributs que nous voulons chanter, comme il est dit dans un autre psaume « Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité[6] ». Tels sont, ô mon Dieu, les deux attributs que nous confessons. Votre miséricorde et votre vérité ; c’est par la miséricorde que vous jetez sur le pécheur un regard favorable, et par la vérité que vous tenez à vos promesses. « Je vous confesserai dans votre miséricorde et dans votre vérité ». Et c’est là ce que je veux vous rendre selon les forces que je tiens de vous, en exerçant la miséricorde et la vérité ; la miséricorde par l’aumône, la vérité dans mes jugements. C’est en cela que Dieu nous aide, en cela que nous méritons Dieu ; et dès lors, toutes les voies du Seigneur sont la miséricorde et la vérité ; il ne vient à nous par aucune autre voie, et nous n’avons aucune autre voie pour aller à lui.
6. « Car vous avez glorifié par-dessus tout votre saint nom ». Que signifie cette louange, mes frères ? Dieu glorifia son saint nom sur Abraham : « Car Abraham crut en Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice[7] ». Les autres nations sacrifiaient aux idoles, et servaient les démons. D’Abraham naquit Isaac, et Dieu fut glorifié en cette maison vint ensuite Jacob, et Dieu fut encore glorifié, et il nous dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob[8] ». De là naquirent les douze patriarches et le peuple d’Israël que Dieu délivra de l’Égypte, le conduisant à travers la mer Rouge, l’exerçant dans le désert, l’établissant dans la terre promise après en avoir chassé les nations. Le nom du Seigneur fut donc glorifié en Israël. C’est de ce peuple encore que sortit la Vierge Marie ; de là le Christ notre Seigneur, qui est mort pour nos péchés, qui est ressuscité pour notre justification[9], remplissant les fidèles du Saint-Esprit, et les envoyant prêcher à tous les peuples : « Faites pénitence, car le royaume des u cieux approche[10] ». C’est ainsi que Dieu glorifie son nom sur toutes choses.
7. « Au jour où je vous invoquerai, hâtez-vous de m’exaucer[11] ». Pourquoi « hâtez-vous ? » C’est que vous-même l’avez dit : « Tu parleras encore, quand je dirai : Me voici[12] ». Pourquoi « hâtez-vous ? »

  1. Ps. 17,11
  2. 1 Cor. 3,17
  3. Mt. 4,11
  4. Id. 20,28
  5. Act. 17,24
  6. Ps. 24,10
  7. Gen. 15,6 ; Rom. 4,3
  8. Exod. 3,6
  9. Rom. 4,25
  10. Mt. 3,2
  11. Ps. 137,3
  12. Isa. 58,9