Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/217

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Non ; la confession du Christ était donc une louange. Écoute cette louange adressée à son Père : « C’est », dit-il, « parce que vous avez dérobé ces mystères aux sages et aux savants et que vous les avez révélés aux petits[1] ». Ainsi donc, mes frères, parce que nous habiterons dans la maison du Seigneur, après ces angoisses de la corruption, toute notre vie ne sera qu’une louange en l’honneur de Dieu. Plusieurs fois déjà nous l’avons dit : quand il n’y aura plus de nécessité, tout ce qui tient à la nécessité cessera aussi. Là nous n’aurons plus rien à faire, je ne dirai pas ni le jour, ni la nuit, puisqu’il n’y aura pas de nuit, mais un jour et un jour unique, nous n’aurons d’autre tâche que de louer Dieu que nous aimons ; car alors nous le verrons. Maintenant nous le désirons, nous le, bénissons sans le voir ; quel amour, quels chants d’allégresse quand nous le verrons ! Ce sera la louange continuelle d’un amour sans fin. Ainsi vivrons-nous alors ; « délivrez donc notre âme de ce cachot, afin qu’elle confesse votre saint nom ». « Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, ils vous béniront de siècle en siècle[2] ». La prison nous retient maintenant, parce que « la chair qui se corrompt appesantit l’âme[3] ». Ce n’est point la chair qui appesantit l’âme, car nous aurons alors une chair ; mais « la chair qui se corrompt ». Notre prison n’est donc point notre corps, mais la corruption. « Délivrez mon âme de son cachot, afin qu’elle confesse votre nom, ô mon Dieu ». Ce qui va suivre maintenant est dit au nom de Jésus-Christ, notre chef, et cette parole est semblable à celle qui terminait hier. Voici cette parole d’hier, s’il vous en souvient : « Je suis seul jusqu’à ce que j’aie passé[4] ». Quelle est la dernière ici ? « Les justes m’attendent jusqu’à ce que vous m’ayez donné ma récompense ».


DISCOURS SUR LE PSAUME 142

SERMON AU PEUPLE.

LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST DANS L’ÉGLISE.

David est ici la figure du Christ, et Absalon, la figure de Judas. Le Christ est né de la sainte Vierge ou de cette cité de Dieu que lui-même a fondée : de là cette femme vêtue du soleil, foulant aux pieds la lune ou la mortalité. C’est le Christ qui souffre en nous qui sommes ses membres, lui qui est un avec son Père, et un avec nous, qui l’avons revêtu. Judas, fils de l’Époux, persécutait donc l’Époux, ce qui existe encore aujourd’hui ; de là ces plaintes du Christ contre ses ennemis intérieurs. Souvenez-vous de moi dans votre justice, et non dans celle qui me viendrait de la foi, mais dans celle de la foi ; et n’entrez pas en jugement avec votre serviteur, qui se défie de ses œuvres, puisque devant vous nul fils d’Adam n’est juste. Quiconque vous sert est votre ami, et vos amis, comprenant qu’ils avaient besoin de miséricorde, disaient tomme nous : « Remettez-nous nos dettes ». L’ennemi nous persécute, en nous détournant du ciel, en nous jetant dans les ténèbres, comme ceux qui sont justement condamnés à mourir ; mais comme le Christ n’avait rien en lui de répréhensible, il se plaint ici comme au jardin des Oliviers. Le Prophète médite les œuvres de Dieu, afin d’en admirer plus parfaitement l’ouvrier, de qui nous vient tout bien qui est en nous ; car de nous-mêmes nous n’avons que la malice, et c’est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire. En voyant que tout bien me vient de Dieu, j’ai tendu mes mains vers vous ; car mon Orne a soif de vous, hâtez-vous de me donner le bonheur, car mon esprit s’est affaissé en moi. Ne détournez pas de moi votre face, comme vous l’avez fait quand l’étais orgueilleux, autrement je tomberais dans ces ténèbres où l’on n’a plus que le mépris. Je veux espérer en vous par la patience, vous chercher par de bonnes œuvres et dans le secret. C’est dans les ténèbres que le pécheur cherche un refuge, l’homme contrit cherche en Dieu un refuge contre les princes du monde, qni entreraient en nous comme en Judas, recevant indignement le morceau de pain. Apprenez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu, mon héritage ; c’est à vous de nous prescrire ce que nous devons faire, c’est vous qui nous sauverez à cause de votre saint nom.


1. Je dirai ce que Dieu voudra bien m’inspirer, sur le psaume que l’on vient de chanter. Hier notre psaume était court, et le temps nous permettait de parler longuement sur quelques versets ; aujourd’hui que le psaume est plus long, nous ne pouvons nous arrêter

  1. Mt. 11,25
  2. Ps. 83,5
  3. Sag. 9,15
  4. Ps. 140,10