Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/316

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multiplié par cent ; le même que quinze mille dans l’ordre des mille, ou quinze multiplié par mille), le nombre de quinze nous marque donc l’accord des deux Testaments. Dans l’un, en effet, l’on observe le sabbat au jour du repos[1] ; dans l’autre, le dimanche, qui signifie jour de résurrection. Or, le sabbat est le septième jour ; le dimanche qui vient après le septième jour, que peut-il être sinon le huitième, et en même temps le premier ? On l’appelle aussi le premier jour du sabbat[2], de manière à compter ensuite le second, le troisième, et ainsi de suite jusqu’au septième qui est le sabbat. Mais à partir du dimanche, jusqu’au dimanche, nous nous trouvons au huitième jour, auquel fut révélé ce Nouveau Testament qui était caché dans l’Ancien, sous les promesses terrestres. Or, sept et huit font quinze. Tel est le nombre des psaumes appelés Cantiques des degrés, parce que tel était le nombre des degrés du temple. Le nombre de cinquante renferme aussi en lui-même un grand mystère, puisqu’il se compose d’une semaine de semaines, auxquelles on ajoute l’unité qui serait comme le huitième et formerait cinquante ; sept fois sept font en effet quarante-neuf, et nous avons cinquante en y ajoutant l’unité. Or, ce nombre de cinquante a une signification tellement mystérieuse, que ce fut le cinquantième jour après la résurrection du Christ, que le Saint-Esprit descendit sur les disciples assemblés en son nom[3]. De plus, l’Esprit-Saint est désigné par le nombre sept dans les Écritures, soit dans Isaïe, soit dans l’Apocalypse, où nous trouvons clairement les sept esprits de Dieu, à cause des sept opérations de ce même Esprit. Le prophète Isaïe nous parle ainsi de ces sept opérations « L’Esprit de Dieu se reposera sur lui ; Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte du Seigneur[4] ». Et pat cette crainte, il faut entendre la crainte chaste, qui demeure dans le siècle des siècles[5], Quant à la crainte servile, elle est bannie par la charité parfaite[6] : celle-ci nous affranchit de manière que nous ne fassions point de ces œuvres serviles que proscrit le sabbat. Or, la charité est répandue dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné[7]. C’est donc l’Esprit-Saint que désigne le nombre sept. Mais le Seigneur a lui-même divisé le nombre cinquante en quarante et en dix[8] ; puisque c’est le quarantième jour après sa résurrection qu’il monta au ciel[9], puis dix jours après qu’il envoya le Saint-Esprit, désignant ainsi par le nombre quarante son passage en cette vie temporelle. Le nombre quatre est en effet le nombre qui prévaut dans quarante ; or, il y a quatre parties dans le monde comme dans l’année, et en y ajoutant dix comme le denier qui doit récompenser les œuvres de la loi, nous trouvons la figure de l’éternité. En multipliant cinquante par trois, et pour ainsi dire par la trinité, nous arrivons à cent cinquante, nombre qui n’est point sans raison celui de nos psaumes. Dans ce nombre de poissons pris dans les filets des Apôtres après la résurrection, l’Évangile ajoute le nombre de trois à celui de cent cinquante[10], pour nous montrer, ce semble, en combien de portions nous devons partager ce nombre de manière à trouver trois fois cinquante. On pourrait néanmoins trouver dans ce nombre une raison plus subtile et plus agréable, c’est-à-dire que si nous décomposons dix-sept, de manière que tous les nombres depuis un jusqu’à dix-sept soient additionnés ensemble, nous arrivons encore à ce nombre de cent cinquante-trois. Or, le nombre dix désigne la loi, et celui de sept désigne la grâce ; puisque la loi n’est accomplie que par la charité répandue dans nos cœurs par ce même Esprit que représente le nombre sept.
2. Quant à ceux qui ont divisé les psaumes en cinq livres, ils ont suivi en cela l’indication des psaumes qui finissent par ces mots : Fiat, fiat[11]. Mais quand j’ai voulu pénétrer les raisons de cette division, je n’ai pu y parvenir ; parce que ces cinq parties ne sont point égales entre elles, ni par la quantité de la matière, ni même par le nombre des psaumes, qui serait alors de trente. Et si chacun de ces cinq livres doit se terminer par fiat, fiat, on pourrait avec raison demander pourquoi le dernier de tous ne finit pas de même. Pour nous, conformément à l’autorité canonique des saintes Écritures, où nous lisons : « Il est écrit dans le livre des Psaumes[12] », nous ne reconnaissons qu’un livre des psaumes. Je comprends que ce sentiment soit le

  1. Exod. 20,10
  2. Mc. 16,2
  3. Act. 2,14
  4. Isa. 11,2-3
  5. Ps. 17,10
  6. Jn. 4,18
  7. Rom. 5,5
  8. Act. 2,3
  9. Id. 1
  10. Jn. 21,11
  11. Ps. 40 ; 71 ; 88 ; 105
  12. Act. 1,20