Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/388

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ils chassent Jésus-Christ ; ils introduisent un adultère, ils chassent l’Époux : paranymphes, ou plutôt entremetteurs du serpent, ils n’élèvent la voix que pour faire régner le serpent et pour détrôner le Christ, Quand le serpent règne-t-i !? Lorsque règne le mensonge. Où règne le mensonge, là règne le serpent ; où règne la vérité, là règne le Christ. Car le Sauveur a dit de lui-même : « Je suis la vérité[1] » ; au lieu qu’il a dit du serpent : « Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce que la vérité n’était pas en lui[2] ». Le Christ est tellement la vérité que tout en lui doit être par toi considéré comme vrai, un vrai Verbe, Dieu égal au Père, une vraie âme, une vraie chair, un vrai homme, un vrai Dieu, une vraie naissance, une vraie passion, une vraie mort, une vraie résurrection. Si un seul de ces points te semble faux et que tu le dises tel, la corruption entrera dans tous les autres ; du venin du serpent naîtront les vers du mensonge ; rien ne demeurera intact.

6. Mais, dira l’adversaire, que signifient ces paroles du Sauveur : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Peut-être dans ce qui suit nous montrera-t-il pourquoi il a ainsi parlé. « Mon heure », dit-il, « n’est pas encore venue ». Car, voici ses paroles « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon heure n’est pas encore venue », Pourquoi a-t-il ainsi parlé ? C’est ce qu’il faut essayer de découvrir. C’est par là qu’il nous faut d’abord résister aux hérétiques. Que dit le vieux serpent, l’antique siffleur et souffleur de poisons ? Que dit-il ? Jésus n’a point eu pour mère une femme. Quelle preuve en donnes-tu ? C’est que le Christ a dit : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Pour le croire, nous voudrions savoir qui l’a dit. Qui donc l’a dit ? L’Évangéliste Jean. Mais le même Évangéliste Jean a dit : « Et la mère de Jésus y était ». Car voici son récit : « Trois jours après, il se fit des noces à Cana, en Galilée, et la mère de Jésus y était. Il y vint aussi, convié avec ses disciples ». Nous avons cette double assertion de l’Évangéliste. « La mère de Jésus y était », l’Évangéliste le dit. Ce que Jésus dit à sa mère, l’Évangéliste le dit aussi. Il rapporte la réponse de Jésus à sa mère, mais seulement après avoir dit : « Sa mère lui dit ». Faites attention à ceci, mes frères, afin de fortifier la pureté de votre cœur contre la langue du serpent. Là, dans le même Évangile, le même Évangéliste vous dit : « La mère de Jésus y était » ; et encore : « Sa mère lui dit ». Qui a fait ce récit ? L’Évangéliste Jean. Et qu’est-ce que Jésus a répondu à sa mère ? « Femme, qu’y a-t-il de « commun entre vous et moi ? » Qui fait ce récit ? Le même Évangéliste Jean. O Évangéliste très-fidèle et très-véritable, vous me rapportez que Jésus a dit : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Pourquoi lui avoir donné une mère qu’il ne connaît pas ? Car vous avez dit aussi : « La mère de Jésus était là » ; et encore : « Sa mère lui dit ». Pourquoi n’avoir pas dit de préférence : Marie était là, et Marie lui dit ? Vous rapportez l’un et l’autre : « Sa mère lui dit », et : « Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Pourquoi cela, sinon parce que l’un et l’autre sont vrais. Mais les hérétiques consentent à ajouter foi à l’Évangéliste lorsqu’il raconte que Jésus dit à sa mère : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » et refusent de le croire lorsqu’il dit : « La mère de Jésus était là », et : « Sa mère lui dit ». Maintenant, quel est celui qui résiste au serpent, qui garde la vérité, qui ne laisse pas la pureté de son cœur se corrompre aux artifices du diable ? C’est celui qui regarde l’un et l’autre comme vrais, à savoir que « la mère de Jésus était là », et que Jésus a ainsi répondu à sa mère. Mais si cet hérétique ne comprend pas encore en quel sens Jésus a dit : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » qu’il croie du moins que Jésus l’a dit et qu’il l’a dit à sa mère. Qu’il ait d’abord la soumission pieuse de la foi, et le fruit de l’intelligence viendra ensuite.

7. Chrétiens fidèles, c’est vous que j’interroge : La mère de Jésus y était-elle ? Répondez : Elle y était. Comment le savez-vous ? Répondez : L’Évangile le dit. Qu’est-ce que Jésus a répondu à sa mère ? Répondez : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? mon heure n’est pas encore venue ». Et comment le savez-vous ? Répondez : L’Évangile le dit. Que personne ne corrompe votre foi sur ce point, si vous voulez conserver intacte à l’épouse votre virginité. Si l’on vous demande pourquoi il n ainsi répondu à sa mère, que celui qui le comprend le dise ; pour celui qui ne le comprend pas, qu’il se

  1. Jn. 45, 6
  2. Id. 8, 44