Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/420

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quand il avait dit : « Si l’homme ne renaît de l’eau et de l’Esprit, il ne verra pas le royaume de Dieu [1] ». Bien qu’il fût un homme et qu’il vécût sur la terre dans un corps mortel, l’apôtre Paul avait néanmoins sa conversation dans le ciel ; et le Dieu du ciel et de la terre ne pourrait être en même temps dans le ciel et sur la terre ?
9. Si donc personne que Jésus-Christ n’est descendu du ciel et n’y remonte, quelle espérance ont les autres ? Leur espérance est fondée sur ce fait que le Christ est descendu du ciel pour que tous les hommes ne fissent qu’un en lui et avec lui, pour être à même d’y monter par lui. L’Apôtre fait cette remarque : « L’Écriture ne dit pas : Et ceux qui naîtront, comme si elle avait voulu en marquer plusieurs ; mais elle dit, comme en parlant d’un seul : Celui qui naîtra de toi, qui est le Christ ». Puis il dit aux fidèles : « Vous êtes du Christ ; si vous êtes du Christ, donc vous êtes la race d’Abraham[2] ».En parlant d’un seul, le Sauveur a parlé de nous tous. C’est pourquoi, dans les psaumes, tantôt plusieurs chantent, et en cela nous devons reconnaître la pluralité dans l’unité ; tantôt un seul chante, pour marquer l’unité dans la pluralité. C’est pour la même raison qu’un seul malade a été guéri à la piscine de Bethsaïda [3], tandis qu’aucun des autres n’y retrouvait la santé. Cette unique personne est le symbole de l’unité de l’Église. Malheur aux ennemis de l’unité, à ceux qui se forment des partis parmi les hommes ! Qu’ils écoutent l’Apôtre : il veut ne faire qu’un seul en un seul, et pour un seul ; qu’ils l’écoutent quand il dit : Gardez-vous de vous faire plusieurs. « C’est moi qui ai planté, Apollo a arrosé ; mais c’est Dieu qui a donné l’accroissement. Celui qui plante n’est rien, non plus que celui qui arrose, mais c’est Dieu qui donne l’accroissement[4] ». Ils disaient : « Moi je suis à Paul, moi à Apollo, moi à Céphas » ; et il répondait : « Jésus-Christ est-il divisé [5] ? » Soyez en un seul, soyez une seule chose, soyez un seul. « Personne ne monte au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel ». Mais nous ioulons être à vous, disaient-ils à Paul ; et il leur répondait : Je m’y refuse, ne soyez pas à Paul ; mais soyez à celui à qui Paul est avec vous.
10. Car il est descendu et il est mort, et par sa mort il nous a délivrés de la mort. Au moment où la mort le tuait, il la tuait lui-même. Vous le savez, mes frères, c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde. « Dieu n’a pas fait la mort », dit l’Écriture, « et », ajoute-t-elle, « il ne se réjouit pas de la perte des vivants ; car il a créé toutes choses afin qu’elles soient [6] ». Mais qu’ajoute le sage ? « C’est par un effet de l’envie du diable que la mort a fait son entrée dans le monde[7] ». L’homme n’aurait pu être amené par la force à prendre le breuvage de la mort, que le diable lui avait proposé, car le diable n’avait pas le pouvoir de le violenter ; il n’avait rien que celui de le persuader par la ruse. Si tu n’avais pas donné ton consentement à ses suggestions, il ne t’aurait pas fait de mal, mais parce que tu y as cédé, ô homme, tu as été condamné à mourir. Nous sommes nés mortels d’un père mortel ; d’immortels que nous étions nous sommes devenus sujets à la mort. Par Adam, tous les hommes sont condamnés à la mort ; mais Jésus, Fils de Dieu, Verbe de Dieu, par qui toutes

  1. Jn. 3, 5
  2. Gal. 3, 16, 29
  3. Jn. 5, 4
  4. 1 Cor. 3,6-7
  5. Id. 1, 12, 13
  6. Sag. 1,13-14
  7. Id. 2