Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/508

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sa voix et ceux qui auront bienfait en sortiront pour la résurrection de la vie, et ceux qui auront mal fait, pour la résurrection du jugement ». Voilà bien le jugement, voilà bien la punition dont il a parlé tout à l’heure : « Celui qui croit en moi est passé de la mort à la vie, et il ne viendra pas au jugement ».


14. « Je ne puis rien faire de moi-même ; comme j’entends, je juge, et mon jugement est juste ». Si vous jugez comme vous entendez, qui entendez-vous ? Si c’est le Père, il est sûr que « le Père ne juge personne ; mais il a donné tout jugement au Fils ». – Vous êtes donc comme le héraut du Père ! Alors, quand dites-vous ce que vous entendez ? – Ce que j’entends, je le dis, car je suis ce qu’est le Père : mon être consiste à parler, car je suis le Verbe du Père. Voilà ce que te dit le Christ. Maintenant, interprète ses paroles. Que veut dire : « Comme j’entends, je juge ? » Ceci, évidemment : Comme je suis. Car comment le Christ entend-il ? Je vous en conjure, mes frères, cherchons. Le Christ entend son Père. Comment le Père lui parle-t-il ? Il est sûr que, s’il lui parle, il lui adresse la parole ; personne, en effet, ne peut dire quelque chose à un autre sans parler. Comment donc le Père peut-il parler au Fils, puisque le Fils est le Verbe du Père ? Tout ce que le Père nous dit, il nous le dit par son Verbe. Son Verbe n’est autre que son Fils : alors, quelle autre parole peut-il adresser à sa Parole ? Dieu est un, il a un Verbe unique, et, dans cet unique Verbe, il contient tout. Quel est donc le sens de ce passage : « Comme j’entends, je juge ? » Comme je suis du Père, je juge. Donc, « mon jugement est juste ». Si vous ne faites rien de vous-même, ô Seigneur Jésus, comme l’imaginent les hommes charnels ; si vous ne faites rien de vous-même, comment avez-vous pu dire, il n’y a qu’un instant : « Ainsi, le Fils lui-même vivifie qui il veut ? » Vous dites maintenant : Je ne fais rien de moi-même, Mais sur quoi le Fils attire-t-il principalement notre attention ? Sur ce qu’il est du Père, Celui qui est du Père, n’est pas de lui-même, Que si le Fils était de lui-même, il ne serait pas le Fils : il est du Père. Pour exister, le Père n’est pas du Fils, mais le Fils est du Père. Il est égal au Père, et, néanmoins, il est de lui, tandis que le Père n’est pas du Fils.


15. « Parce que je cherche, non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Le Fils unique dit : « Je ne cherche pas ma volonté », et des hommes veulent faire la leur ! Lui, qui est égal au Père, il s’humilie si profondément, et nous voyons s’élever si haut des hommes tombés si bas, et qui ne peuvent se relever sans le secours d’une main étrangère ! Faisons donc la volonté du Père, la volonté du Fils et celle du Saint-Esprit, parce qu’une est la volonté, la puissance et la majesté de la Trinité tout entière. Cependant, le Fils dit : « Je suis venu faire, non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » ; la raison en est que le Christ est, non pas de lui-même, mais de son Père. Et s’il a paru sous la forme d’un homme, c’est qu’il a emprunté cette forme à la créature humaine qu’il avait tirée du néant.