Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/532

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la volonté de Celui qui l’a envoyé. Allons donc à lui, pénétrons en lui, incorporons-nous à lui, afin de faire, non pas notre volonté propre, mais celle de Dieu. De la sorte, il ne nous mettra pas dehors, parce que nous serons ses membres, et qu’en nous enseignant l’humilité, il a voulu être notre chef. Enfin, écoutez cette autre leçon du Sauveur : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes accablés : prenez mon joug sur vos épaules et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » ; et quand vous l’aurez appris, « vous trouverez le repos de vos âmes [1] ». Apprenez aussi que ce qui vous empêchera d’être rejetés loin de Dieu, c’est « que je suis descendu pour faire, non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Je vous enseigne l’humilité : personne, à moins d’être humble, ne peut venir à moi. Dieu ne repousse loin de lui que les orgueilleux ; pourrait-il en éloigner de même celui qui conserve l’humilité et ne s’en écarte pas ? Mes frères, j’ai dit tout ce qu’il m’était possible de dire sur le sens caché de ce passage ; car il renferme un sens profondément mystérieux. Je ne sais, à vrai dire, si je me suis convenablement exprimé pour le bien exposer et faire ressortir, si j’ai expliqué suffisamment qu’il ne rejette pas l’homme qui vient à lui, par cette raison qu’il est venu faire, non pas sa propre volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé.
19. « Et telle est », dit-il, la volonté de « mon Père, qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés ». Celui qui garde l’humilité, lui a été donné : le Sauveur le reçoit ; mais celui qui n’est pas humble, est bien loin du maître de l’humilité : « C’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. La volonté de votre Père est qu’aucun de ces petits ne périsse ». Parmi les orgueilleux, il en est qui peuvent périr ; parmi les humbles, on n’en voit périr aucun. « Si vous ne devenez pareils à ce petit enfant, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux [2]. Je ne perdrai aucun de ceux que mon Père m’a donnés, mais je les ressusciterai au dernier jour ». Voyez comme il distingue ici cette double résurrection. « Celui qui vient à moi », celui de mes membres qui devient humble, ressuscite déjà maintenant ; de plus, « je le ressusciterai au dernier jour », selon la chair. « Car c’est la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour ». Il avait dit plus haut : « Celui qui écoute ma parole, et croit à Celui qui m’a envoyé ». Il dit ici : « Celui qui voit le Fils et croit en lui ». Il ne dit pas : Celui qui voit le Fils et croit au Père ; car, croire au Fils, c’est croire au Père, parce que « comme le Père a la vie en soi, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir en soi la vie [3]. Afin que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle » ; en croyant, et en passant à la vie, par une première résurrection. Mais, parce qu’elle n’est pas la seule, il ajoute : « Je le ressusciterai au dernier jour ».

  1. Mt. 11, 28, 29
  2. Mt. 18, 14, 4
  3. Jn. 5, 24, 26