Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/315

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les petits enfants ce n’est donc pas la créature même de Dieu que l’on exorcise et sur laquelle on souffle, c’est le démon sous le joug duquel nous naissons tous par le péché, car il est le prince des pécheurs. Et c’est ainsi que pour un seul homme qui est tombé et qui a condamné à la mort toute sa postérité ; Dieu a envoyé sur la terre Celui-là seul qui est sans péché et qui délivre de leurs péchés et conduit à la vie éternelle tous ceux qui croient en lui.



CHAPITRE II. LE FILS DE DIEU, NOTRE-SEIGNEUR, EST VÉRITABLEMENT DIEU ET TOUT-PUISSANT.

3. Nous croyons donc également en Jésus-Christ Notre-Seigneur, le Fils unique de Dieu, Père tout-puissant. Quand vous entendez parler du Fils unique de Dieu, reconnaissez qu’il est Dieu. En effet le Fils unique de Dieu ne saurait ne pas être Dieu. Le Père engendre ce qu’il est, quoiqu’il ne soit pas celui qu’il engendre. Si donc la personne engendrée est véritablement le Fils de Dieu, elle est ce qu’est le Père lui-même ; si elle n’était pas, quant à la nature, ce qu’est le Père lui-même, elle ne serait pas le vrai Fils de Dieu. Jetez les yeux sur les créatures mortelles et terrestres ; toute créature engendre toujours ce qu’elle est. L’homme n’engendre pas un bœuf ; la brebis n’engendre pas un chien, et réciproquement. Tout être engendre donc toujours ce qu’il est. Aussi, croyez fortement, fermement, fidèlement ; que Dieu le Père engendre ce qu’il est lui-même, lui tout-puissant. Les créatures mortelles engendrent par la corruption. Est-ce donc ainsi que Dieu engendre ? Un être mortel engendre ce qu’il est ; il en est de même de l’être immortel ; l’être corruptible engendre un être corruptible ; et l’être incorruptible engendre un être incorruptible. L’être corruptible engendre par la corruption, l’être incorruptible engendre sans corruption ; et il engendre tellement ce qu’il est, qu’étant un, son Fils est un aussi et par conséquent Fils unique : Vous savez les termes dans lesquels je me,suis exprimé et que j’ai imposés à votre foi, en formulant devant vous le Symbole : « Nous croyons en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus-Christ son Fils unique ». Puisque Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu, croyez donc qu’il est tout-puissant ; Dieu le Père ferait-il ce qu’il veut, tandis que Dieu le Fils ne pourrait pas faire ce qu’il veut ? Dans le Père et le Fils il n’y a qu’une seule et même volonté, puisqu’il n’y a qu’une seule et même nature. La volonté du Fils ne peut donc en aucune manière être séparée de la volonté du Père. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu ; tous deux ne font qu’un seul Dieu ; le Père est tout-puissant, le Fils est tout-puissant, tous deux ne sont qu’un seul tout-puissant.

4. Nous n’admettons pas deux dieux comme le font certains impies qui disent : Dieu le Père et Dieu le Fils, en sorte que Dieu le Père soit plus grand, et Dieu le Fils plus petit. Que sont-ils tous deux ? Deux dieux ? Vous rougiriez de le dire, rougissez donc de le croire. Vous dites : le Seigneur Dieu le Père, et le Seigneur Dieu le Fils ; et voici que le Fils lui-même déclare : « Personne ne peut servir deux maîtres  ». Dans la famille chrétienne, comme dans une grande maison où le père a un fils, nous serions donc obligés de dire Le grand maître et le petit maître ? Ayons horreur d’une semblable pensée. Si vous l’aviez conçue dans votre cœur, c’est à des idoles que vous auriez consacré votre âme. Brisez immédiatement ces idoles. Croyez d’abord, et ensuite comprenez. S’il arrive à quelqu’un de comprendre aussitôt qu’il croit, une telle faveur ne peut lui venir que de Dieu, la fragilité humaine n’y est pour rien. Toutefois si vous ne comprenez pas encore, du moins croyez qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils. Tous deux que sont-ils ? Un seul Dieu. Et comment tous deux ne sont-ils qu’un seul Dieu ? Comment ? Vous vous étonnez ? Ne lisons-nous pas dans les Actes des Apôtres : « Et la multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme  ? » De toutes ces âmes, la foi n’en avait fait qu’une seule. Il y en avait plusieurs milliers, mais elles s’aimaient et la charité n’en avait fait qu’une seule âme ; elles aiment Dieu dans le feu de la charité et cette multitude offrait le spectacle d’une ravissante unité. Si la charité a pu ne faire qu’une seule âme de toutes ces âmes ; que ne peut pas faire la charité en Dieu, car là du moins elle ne rencontre aucune diversité, mais une égalité parfaite ? Sur la terre et parmi les hommes, si la charité a pu s’élever au point de ne faire qu’une seule âme de toutes ces âmes ; là où