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LIVRE TREIZIÈME : TRINITÉ DANS LA FOI.

CHAPITRE PREMIER. LES ATTRIBUTIONS DE LA SAGESSE ET DE LA SCIENCE, D’APRÈS LES ÉCRITURES.

1. Dans le livre précédent, le douzième de l’ouvrage, nous avons suffisamment cherché à établir la différence entre la fonction de l’âme raisonnable agissant dans les choses temporelles, qui ne renferme pas seulement la connaissance, mais s’étend aussi à l’action ; et l’autre fonction plus parfaite de la même âme consistant dans la contemplation des choses éternelles et se bornant à la connaissance. Il est à propos, ce me semble, de citer ici quelques passages des Ecritures, pour rendre cette distinction plus sensible. 2. Saint Jean commence ainsi son évangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. C’est lui qui au commencement était en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n’a été fait. Ce qui a été fait, en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise. Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean. Celui-ci vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. Celui-là était la vraie lumière, qui illumine tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui et le monde ne l’a pas connu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu, à tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom ; qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous (et nous avons vu sa gloire comme la gloire qu’un fils unique reçoit de son père) plein de grâce et de vérité (Jean, I, 1-4 ) ». La première partie de ce texte de l’Evangile que j’ai cité en entier se rapporte à ce qui est immuable et éternel et dont la contemplation nous rend heureux ; dans ce qui suit, les choses éternelles se trouvent mêlées aux choses temporelles. Par conséquent certaines choses y ont trait à la science, et d’autres à la sagesse, suivant la distinction établie dans le douzième livre. En effet ces paroles : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu ; c’est lui qui au commencement était en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui et sans lui rien n’a été fait. Ce qui a été fait, en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise » ; ces paroles, dis-je, se rapportent à la vie contemplative et présentent un objet qu’on ne peut voir que par l’âme intellectuelle. Et, là, il est hors de doute que plus on fera de progrès, plus on deviendra sage. Mais, d’après ce qui suit : « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise », la foi était évidemment nécessaire pour croire ce qu’on ne voyait pas. Par ténèbres, l’évangéliste entend ici les cœurs des hommes qui se détournent de cette lumière et sont incapables de la voir ; c’est pourquoi il ajoute : « Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean ; celui-ci vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui ». Voici déjà qui s’est passé dans le temps et appartient à la science que procure la connaissance de l’histoire. Or, nous nous figurons Jean comme un homme, d’après la notion de la nature humaine imprimée en