Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/115

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que nous allions l’arracher ? Il répondit : Non, de peur qu’avec l’ivraie vous n’arrachiez aussi le froment. Laissez croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler[1], et amassez le froment dans mon grenier.

31 Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de senevé, qu’un homme prit et sema dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, lorsqu’elle a crû, elle est plus grande que toutes les plantes, et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses rameaux.

33 Il leur dit encore cette parabole : Le royaume des cieux est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait fermenté[2].

  1. En Orient, où le bois est rare, on se sert d’herbes sèches pour faire du feu. — L’explication de cette parabole est donnée plus bas, vers. 37 sv. En deux mots : le royaume des cieux ici, c’est l’Église de J.-C. sur la terre, dans laquelle les bons et les méchants se trouvent mêlés.
  2. La parabole du grain de sénevé et celle du levain ont la même signification. « Le principe est posé dans le monde, dit le P. Gratry, le ferment est mis dans la masse par cette Femme qui a mis sur la terre le Fils de l’homme, et lui, divin ferment, saura s’étendre à tout le genre humain. Le germe vit sur notre terre, et ce germe est bien le plus humble qui se soit jamais vu : un pauvre Enfant dans une étable ; trente années de silence et de travail des mains ; puis un jeune homme qui parle à quelques hommes et dont on a recueilli les discours en dix pages ; et tout cela en dehors des grandes monarchies de l’Orient, et en dehors de la lumière et de la civilisation de Rome et de la Grèce ; tout cela dans un petit peuple pauvre, inconnu, méprisé. Eh bien, nos yeux le voient : ce germe, le moindre de tous, a produit, non pas un peuple, mais un monde, le monde chrétien, cet arbre sous lequel se reposent les oiseaux du ciel, et ces oiseaux du ciel sont des nations. Chaque nation chrétienne pose son nid sur cet arbre que voient nos yeux et qui se nomme la chrétienté, et dans cent ans la chrétienté aura