Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/269

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avec ses autres compagnons ; car il parait n’avoir eu aucune part personnelle à ce qui est raconté dans les Actes des Apôtres, chap. xvii, 1 — xx, 5. Au printemps de l’année 53[1], il s’embarqua avec saint Paul à Philippes pour retourner en Orient ; il ne quitta point l’Apôtre durant les deux années de sa détention à Césarée, l’accompagna en Italie, et resta encore près de lui à Rome pendant deux ans (56-58). La suite de son histoire est plus obscure : d’après Baronius, qui donne pour garants saint Grégoire de Nazianze, saint Paulin, Nicéphore et d’autres, c’est en Achaïe qu’il termina sa carrière par le martyre dans un âge avancé.

L’authenticité de l’Évangile qui porte le nom de saint Luc a en sa faveur le témoignage unanime de l’antiquité ; nous n’insisterons pas sur ce point que la critique corrosive de nos jours a dû respecter[2]. Les caractères intrinsèques du livre sont d’ailleurs parfaitement d’accord avec les données historiques sur son auteur. L’histoire nous présente saint Luc comme un médecin d’Antioche ; nous devons donc nous attendre à trouver dans son livre un certain degré de culture littéraire. Or cette culture se révèle à chaque page, et dans le Prologue, d’un goût hellénique, et dans la manière d’envisager le sujet, et dans le plan et la disposition des matières, et dans l’art avec lequel les discours sont mêlés au récit. Son style est souvent d’un grec très-pur ; s’il prend en certains endroits des couleurs hébraïques, c’est que l’auteur s’attache avant tout à

  1. P. Patrizzi. — 55 d’après Sepp, qui suppose que la détention de saint Paul à Césarée ne dura pas plus d’un mois (Voy. Act. xx, 6).
  2. On ne connait, avant Strauss, dit Tholuck, que deux rêveurs anglais qui l’aient mis en doute.