Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/353

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agi prudemment ; car les enfants du siècle sont plus prudents envers leurs pareils que les enfants de la lumière. Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses d’iniquité, afin que, lorsque vous viendrez à défaillir, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels[1]. Celui qui est fidèle dans les petites choses est fidèle aussi dans les grandes, et celui qui est infidèle dans les petites choses est infidèle aussi dans les grandes[2]. Si vous n’avez pas été fidèles dans les richesses trompeuses, qui vous confiera les biens véritables[3] ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans un bien étranger, qui vous donnera votre bien propre ? Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.

14 Les Pharisiens, qui étaient avares, écoutaient tout cela, et se moquaient de lui. Et il leur dit : Vous réussissez à paraître justes devant les hommes ; mais Dieu connaît vos œuvres ; et ce qui est grand aux yeux des hommes est en abomination devant Dieu. La Loi[4] et

    tion du discours direct a son analogue au chap. vii, 29, 30.

  1. Ce verset explique le but de la parabole. Comme l’économe infidèle sut se faire des amis avec un bien étranger, de même les riches doivent se ménager l’amitié des pauvres, dont l’intercession leur ouvrira le ciel, en leur distribuant les biens temporels que Dieu leur a confiés. L’économe donne du bien d’autrui, ce qui en soi est mal ; mais ce trait n’est que pour le point de comparaison, et ne trouve d’application qu’en ce que les richesses temporelles que nous devons donner sont aussi pour nous un bien étranger, à savoir le bien de Dieu, dont nous ne sommes, vis-à-vis de lui, que les simples administrateurs. Comp. les vers. 11 et 12.
  2. Proverbe exprimant ce qui arrive d’ordinaire.
  3. Les biens temporels, et au vers. suiv. notre bien propre, c’est le ciel.
  4. Si les vers. 16-18 ne sont pas des sentences détachées, voici comment on peut les lier entre eux et avec ce qui précède : Les Pharisiens ont la justice légale, mais cela ne suffit plus depuis que le royaume du ciel est annoncé. Ce n’est pas que Jésus-Christ abolisse la Loi ; au contraire, il veut l’ac-