Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/386

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aujourd’hui vous serez avec moi dans le Paradis[1].

44 Il était environ la sixième heure, et les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu[2]. Et Jésus s’écria d’une voix forte : Mon Père, je remets mon âme entre vos mains, et, disant cela, il expira. Le centurion voyant ce qui était arrivé glorifia Dieu, en disant : Vraiment cet homme était juste. Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle, et qui virent toutes ces choses, s’en retournèrent en se frappant la poitrine. Là aussi, à quelque distance, se tenaient tous ceux de la connaissance de Jésus, et les saintes femmes qui l’avaient suivi de Galilée, regardant ce qui se passait.

  1. Dans le sein d’Abraham, dans les limbes, où les justes de l’Ancienne Loi attendaient la venue du Sauveur. Ce séjour où Notre-Seigneur descendit pour annoncer à ces âmes leur délivrance, devint ce jour-là un lieu de délices, un paradis. Mais le ciel ne fut véritablement ouvert que le jour de l’Ascension, alors que Jésus y entra en triomphe, escorté de toutes ces âmes justes. La tradition nous apprend que le bon larron s’appelait Dismas. « Que Dieu pardonne aisément à ceux qui souffrent avec lui !… Vous qui n’avez que Dieu pour témoin, vous qui êtes à la croix avec Jésus-Christ, non comme le voleur qui blasphème, mais comme le pénitent qui se convertit, prenez garde seulement, n’irritez pas Dieu par vos murmures, n’aigrissez pas vos maux par l’impatience. Vous serez aujourd’hui avec moi en Paradis. Aujourd’hui : quelle promptitude ! Avec moi : quelle compagnie ! Dans le paradis : quel repos ! » Bossuet.
  2. « Le Saint des Saints, où était l’arche, le trône de Dieu, lieu inaccessible à tout autre qu’au grand-prêtre, qui encore n’y pouvait entrer qu’une fois l’an, était la figure du ciel, où personne ne pouvait entrer, jusqu’à ce que le grand-prêtre véritable, Jésus-Christ, en eût ouvert l’entrée. Le voile qui protégeait le Saint des Saints même aux regards, fut déchiré et mis en deux parts lorsque Jésus expira ; la terre, dit saint Matthieu, trembla en même temps, les tombeaux s’ouvrirent et les morts ressuscitèrent, en témoignage que par la mort de Jésus le sanctuaire du ciel était ouvert ; les morts recevaient la vie, l’interdit était levé, tout était changé pour les hommes. » Bossuet.