Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/397

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cette île, celle de Patmos, une des Sporades, où il composa son Apocalypse. Bientôt après, sous le règne de Nerva, il put retourner à Éphèse. Mais alors, brisé par l’âge et la persécution, il fallait, dit saint Jérôme, qu’on le portât au milieu des assemblées religieuses, où il ne répétait plus qu’une parole : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. » Et comme on lui demandait pourquoi il revenait toujours sur le même précepte, il répondit : « Parce que c’est le précepte du Seigneur, et que, bien gardé, il suffit[1]. » Il mourut à Éphèse, au commencement du règne de Trajan, vers l’an 101.

Nul, dit M. Wallon, n’était mieux préparé que saint Jean à écrire l’Évangile, puisqu’il avait suivi Jésus depuis les premiers temps de sa prédication jusqu’au Calvaire, et que, depuis le Calvaire, il avait avec lui la sainte Vierge que lui avait léguée le Sauveur. « C’est le témoin le plus considérable ; et c’est en même temps le moins contesté. À l’exception des Aloges[2], sectaires du iie siècle, qui, repoussant la doctrine du Verbe, n’y voulaient point reconnaître l’autorité de saint Jean, l’antiquité chrétienne n’a jamais mis en doute son Évangile ; et dans les temps modernes, on avait à peu près tout attaqué excepté lui, jusqu’au commencement de ce siècle, et notamment jusqu’aux Probabilia de Bretschneider (1820) ; mais il s’éleva contre ces doutes un tel concert de réfutations que l’auteur recula, déclarant n’avoir voulu que provoquer, par un nouvel examen, une démonstration plus complète ; et le Dr Strauss, qui a repris ses argu-

  1. Comment, in Epist. ad Galat. chap. vi.
  2. C’est-à-dire insensés ou ennemis du Verbe.