Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/400

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laire, d’un témoin plein d’originalité et de génie, et ce témoin, si ce n’est pas le fils de Zébédée, qu’on nous montre, à cette époque, un homme capable d’une pareille œuvre ; qu’on nous explique comment, l’ayant accomplie, il n’aurait pas laissé sa trace dans l’Église. D’ailleurs, jamais auteur ne s’est plus clairement révélé dans son livre. Appelé souvent par son sujet à parler de l’apôtre Jean, le quatrième Évangéliste ne le nomme pas, et se borne toujours à l’appeler vaguement un autre disciple. Cet autre disciple apparaît d’abord avec André[1], puis à côté de Pierre[2] ; il est désigné ailleurs comme étant le disciple que Jésus aimait, celui qui, dans la dernière cène, reposa sur la poitrine de Jésus[3], et auquel le Sauveur expirant recommanda sa mère. Comment ne pas reconnaître dans ce disciple l’auteur lui-même ? Mais voici des indications plus explicites encore. On lit au chapitre xix, 35 : « Et celui qui l’a vu (le sang et l’eau sortir de la plaie du côté du Sauveur), est celui-là même qui en rend témoignage[4] ; » et au chapitre xxi, 20, 24 : « Le disciple que Jésus aimait, celui qui reposait sur sa poitrine pendant la dernière cène, est celui qui rend ce témoignage et a rédigé ce livre. » À moins d’écrire en toutes lettres le nom même de Jean, était-il possible de désigner plus clairement cet Apôtre ?

En outre, le caractère du disciple bien-aimé, tel que les Pères nous l’ont dépeint, a laissé une empreinte fidèle dans le quatrième Évangile. C’est bien

  1. Jean, i, 41.
  2. Jean, xviii, 13 ; xx, 2-4 ; xxi, 7-20.
  3. Jean, xiii, 23 ; xxi, 20.
  4. On sait que saint Jean seul, parmi les Apôtres, se tint auprès de la croix.