Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/401

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l’âme de l’Apôtre de l’amour qui respire à chaque page de ce livre divin. L’auteur ne s’appelle jamais autrement que le disciple que Jésus aimait : cette affection dont saint Jean fut l’objet, était pour lui le plus doux souvenir comme le plus beau titre de gloire. Aucun Évangéliste ne répète aussi souvent que lui les noms du Sauveur, Jésus et Christ : saint Jean, qui payait son Maître du retour le plus sincère, et qui avait son nom sans cesse dans le cœur, faisait ses délices de le prononcer ou de l’écrire. Dans le dernier Évangile seulement, les deux verbes qui expriment l’amour, reviennent plus de fois que dans les trois synoptiques ensemble : plus que tous les autres, saint Jean devait se complaire à montrer l’amabilité infinie de Jésus-Christ, en rapportant ses discours remplis d’une douceur céleste. Enfin le Sauveur, pendant sa vie mortelle, a dû plus d’une fois se montrer sévère contre l’hypocrisie des Pharisiens ; ce sont les synoptiques qui nous l’apprennent, car vous chercheriez en vain dans le dernier Évangile un seul de ces si terribles dans la bouche de l’Agneau de Dieu : n’est-ce pas encore un trait qui convient parfaitement à saint Jean ?

Mais, outre son Évangile, saint Jean a composé plusieurs autres écrits. Pour ne parler que de sa première Épître, œuvre de peu d’étendue, mais acceptée comme authentique par les adversaires mêmes de la révélation, il y a entre elle et le quatrième Évangile une telle ressemblance pour le fond et pour la forme, qu’il est impossible de ne pas y reconnaître la même main ; en sorte que l’Épître, selon l’heureuse expression du docteur Hug, est comme la lettre d’envoi de l’Évangile, et par conséquent une nouvelle preuve intrinsèque de son authenticité.