Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/410

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science (gnose), l’apôtre donne aux fidèles les signes caractéristiques de la vraie science, et leur montre que cette science, dont ils possèdent déjà le trésor, n’a besoin ni d’être complétée, ni d’être transformée par la gnose prétendue de ces hérétiques.

Le gnosticisme[1] était un alliage de la philosophie orientale avec le christianisme. Les problèmes dont il cherchait la solution étaient les vieilles et perpétuelles questions spéculatives du passage de l’infini au fini, des rapports de Dieu avec le monde. Comment Dieu, pur esprit, peut-il être l’auteur d’un monde matériel si contraire à son essence ? Si Dieu est parfait, d’où vient l’imperfection de ce monde ? D’où vient le mal, si un Dieu saint est le créateur de l’homme ? Pour résoudre ces questions capitales, les uns partaient d’un monisme outré, et, se faisant de l’unité divine une idée trop rigoureuse, aboutissaient au système panthéiste de l’émanation ; les autres en demandaient la solution au dualisme des Perses ; ils regardaient l’univers comme soumis à l’influence de deux principes, le principe de la lumière et le principe des ténèbres, et le monde matériel provenant du principe ténébreux comme mauvais en soi.

Ces théories, dans leur généralité, ne sont encore opposées qu’au dogme de la création ; mais, en se déve-

  1. Le mot gnose, c’est-à-dire science, désigne dans le langage biblique et chrétien, la science considérée au point de vue religieux. De là une double gnose, une science vraie et une science fausse. La gnose parfaite, c’est l’idéal de la culture de l’esprit et de la vie morale du chrétien, idéal que les Pères appelleront philosophie à partir du ive siècle ; dans Clément d’Alexandrie, le chrétien parfait est toujours nommé gnostique, gnosticus. Aujourd’hui on donne exclusivement à la fausse gnose des premiers siècles le nom de gnosticisme dans ses diverses formes et sous ses aspects multiples.