Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/414

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André, il faut choisir la dizaine qui suit l’an 70, et nous savons par les Épîtres de saint Paul que les raisons de l’écrire existaient à cette époque. D’autre part, la majorité des Pères descend jusqu’à la dernière dizaine de la vie de saint Jean (de l’an 90 à l’an 100), et ce sentiment est adopté par M. Wallon et le P. Patrizzi.


Il y a deux traditions sur le lieu où fut écrit le dernier Évangile : les uns désignent Patmos, les autres Éphèse. Mais les témoins en faveur de Patmos sont moins nombreux et moins anciens ; ils avouent d’ailleurs que la publication en fut faite à Éphèse par le prêtre Gaïus, ami de l’apôtre[1].


Terminons cette rapide esquisse par quelques réflexions sur les rapports du quatrième Évangile avec les synoptiques.

Qu’il existe des différences réelles, non-seulement pour la forme et le style, mais aussi pour le choix des matières, entre saint Jean et les autres Évangélistes, c’est un fait trop frappant pour n’avoir pas été remarqué dès l’origine. « Jean, resté le dernier, nous dit Clément d’Alexandrie[2], voyant que tout ce qui a rapport à l’humanité du Christ avait été raconté dans les autres Évangélistes, écrivit, à la prière de ses amis et sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, un Évangile spirituel. » « Après que les trois premiers Évangiles furent arrivés à la connaissance de tous, dit Eusèbe[3], Jean confirma la vérité de leurs relations par son témoignage ; mais, ayant remarqué dans leurs livres

  1. Irén. Adv. Hær. III, i, 1 ; Synopsis s. script. ap. S. Athanas. t. II. p. 202 (Ed. des Bénéd.).
  2. Hypolyp. ap. Euseb. Hist. eccl. vi, 24.
  3. Hist. eccl. iii, 24.