Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/428

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y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez pas. C’est lui qui doit venir après moi, qui a été fait plus grand que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. Ceci se passa à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait[1].

Le lendemain, Jean vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde[2]. C’est celui de qui j’ai dit : Un homme vient après moi, qui a été fait plus grand que moi, parce qu’il était avant moi. Et moi je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptiser dans l’eau[3].

  1. Origène, qui ne voulait pas admettre d’autre Béthanie que le village voisin de Jérusalem (voy. Béthanie dans le Vocabulaire), propose de lire ici Béthabara. Il est probable que le lieu où Jean baptisait, sur la rive orientale du Jourdain, s’appela en même temps ou tour à tour de ces deux noms, qui ont à peu près la même signification étymologique : Béthanie, c’est-à-dire lieu du vaisseau ou de la barque ; Béthabara, c’est-à-dire lieu du passage.
  2. Allusion à la prophétie d’Isaïe, comparant le Messie, victime volontaire chargée des péchés de tous, à une brebis que l’on mène à la boucherie, ou à l’agneau qui se tait sous la main qui le dépouille de sa toison (un, 7, 12). Ad. Maier pense que Jean-Baptiste avait aussi en vue l’agneau pascal. Enfin Bossuet : « Tous les jours, soir et matin, on immolait dans le temple un agneau, et c’était là ce qu’on appelait le sacrifice continu ou perpétuel. Ce fut ce qui donna à Jean occasion de prononcer ces paroles. »
  3. Comment concilier ce passage (comp. vers. 33) avec Matth. iii, 13 sv, où il est clair que Jean-Baptiste connut Jésus lorsque celui-ci se présenta pour être baptisé ? — Jean-Baptiste n’avait jamais vu Jésus avant son baptême ; mais il l’attendait, puisque Dieu lui avait révélé d’avance le signe qui devait manifester le Messie : Celui sur qui tu verras, etc. (vers. 33). Lorsque Jésus parut devant le Précurseur, celui-ci, frappé de la majesté et de la douceur de son visage, et averti sans doute intérieurement par un mouvement semblable à celui qui l’avait fait tressaillir dans le sein de sa mère (Luc, i, 44), s’écria : « C’est moi qui dois être baptisé par vous (Matth. iii, 14), » etc. ; mais ce n’était pas là le signe annoncé de Dieu, signe, ou plutôt témoignage public destiné moins à convaincre Jean-Baptiste, qu’à montrer à tout le peuple le Christ envoyé de Dieu. Jusqu’à l’apparition de ce signe, le Précurseur pouvait dire qu’il ne connaissait pas Jésus d’une manière authentique.