Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/442

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lui donnerai deviendra en lui une fontaine d’eau jaillissante pour la vie éternelle[1]. La femme lui dit : Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici puiser. Jésus lui dit : Allez, appelez votre mari, et venez ici[2]. La femme répondit : Je n’ai point de mari[3]. Jésus lui dit : Vous avez raison de dire : Je n’ai point de mari ; car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n’est pas votre mari[4] ; en cela vous avez dit vrai. La femme lui dit : Seigneur, je vois que vous êtes un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne[5], et vous, vous dites que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, croyez-moi, l’heure vient où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem. Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs[6]. Mais vient l’heure, et elle est déjà venue,

    suprême, il n’aura point la soif fatigante et insatiable de ceux qui cherchent les richesses, les plaisirs des sens, les honneurs. Dans un autre sens, on lit au chap. xxiv de l’Ecclésiastique : « Ceux qui font de la Sagesse divine leur breuvage, auront encore soif. » Mais cette soif, qui a son principe, non dans la privation ou l’indigence, comme celle dont parle Notre-Seigneur, mais dans la délectation et le désir, s’allie très-bien avec la paix, dit sainte Thérèse, et ne cause à l’âme aucun trouble.

  1. C’est-à-dire, ayant la vertu de lui procurer la vie éternelle.
  2. Notre-Seigneur veut amener peu à peu cette femme à comprendre ses paroles et à le reconnaître pour le Messie.
  3. Elle se sert d’une expression ambiguë pour dissimuler le désordre de sa vie.
  4. Sa vie déréglée l’avait sans doute fait renvoyer successivement par ces cinq époux, et l’homme avec lequel elle vivait alors, n’était pas son époux légitime.
  5. De Garizim, que sans doute la Samaritaine montrait de la main. Adorer s’entend ici de tous les actes du culte public.
  6. Ce que semble désigner l’objet du culte, c’est-à-dire le vrai Dieu, dont les Samaritains d’alors n’avaient qu’une notion altérée. Mais, dit très-bien Maldonat, le contexte