Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/461

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mange vivra aussi par moi. Voici le pain qui est descendu du ciel, bien différent de la manne qu’ont mangée vos pères, et ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement[1]. Jésus dit ces choses dans la synagogue, lorsqu’il enseignait à Capharnaüm.

61 Plusieurs de ses disciples l’entendant, dirent : Cette parole est dure, et qui peut l’écouter[2] ? Jésus, connaissant en lui-même que ses disciples murmuraient à

  1. Ce vers, est un résumé de tout le discours. Concluons avec le P. Lacordaire : « Oui, comme il y a un pain de la nature, il y a un pain de la grâce ; comme il y a un pain de la vie mortelle, il y un pain de la vie éternelle. Je crois à Jésus-Christ quand il me dit : Je suis venu pour leur donner la vie (Jean, x, 10) ; et j’y crois encore quand il me dit : Je suis le pain vivant descendu du ciel, J’ouvrirai ma bouche et j’y recevrai ce pain céleste sans m’étonner : car de quoi m’étonnerais-je ? Est-ce que ma bouche n’est pas un organe spirituel, préparé d’avance pour de sublimes opérations ? Est-ce que mon âme ne l’habite point ? Est-ce que la vérité ne sort pas de ses lèvres entr’ouvertes avec le flot sacré de la parole ? Pourquoi la chair transfigurée de l’Homme-Dieu ne passerait-elle point par les portes où passe la vérité qui vient de lui ? O bouche de l’homme, vase mystérieux, ouvre-toi pour recevoir le Dieu qui t’a fait, le Dieu dont tu parles, le Dieu qui connaît les sentiers pour aller à ton âme et y commencer l’embrassement substantiel qui se consommera dans l’éternité I Ouvre-toi sans crainte et sans orgueil : sans crainte, parce que le Dieu qui vient à toi est doux et humble ; sans orgueil, parce que tu n’as pas mérité de le toucher d’aussi près. Ouvre-toi pour manger la chair du Fils de l’homme et pour boire son à sang : ce sont les termes exprès dont il s’est servi pour te convier à ce festin. Il nous a dit : Mangez et buvez ; mangez ma chair, buvez mon sang. Et s’il est des disciples qui se sont épouvantés de son discours et qui lui ont répondu : Cette parole est dure, et qui pourra l’entendre (vers. 61) ? s’il en est d’autres qui l’ont quitté pour ne plus le revoir, l’humanité n’a point obéi à leur faiblesse, ni à leur trahison ; elle est venue au banquet de la grâce, elle a dressé des tables, elle a bâti des monuments magnifiques pour couvrir d’ombre et de gloire le pain dont le Fils de Dieu avait dit : Ceci est mon corps. Elle a cru que puisqu’une mère peut porter son fils dans ses entrailles et le nourrir encore de sa substance après l’avoir mis au monde, il n’était pas impossible à Dieu d’avoir la même puissance dans la même tendresse, et de renouveler en nous et lui les miracles de la maternité. »
  2. Sans être révolté.