Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/550

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près la captivité de Babylone. La fertilité de son sol, sa position centrale entre la Syrie, la Phénicie et la Palestine, sur la grande route qui conduit de Damas à la Méditerranée, l’importance de son commerce, que démontre l’existence d’un essaim nombreux de douaniers ou collecteurs d’impôts, chargés de percevoir les droits d’entrée ou de transit, enfin les pêcheries du lac voisin contribuèrent à sa prospérité. Jésus s’arrêta souvent dans cette ville pendant sa carrière publique, et il y demeurait probablement dans la maison des deux frères Pierre et André : c’est pourquoi Capharnaüm est appelée sa ville. Il y enseignait tantôt dans la synagogue, tantôt dans la maison où il demeurait, tantôt au bord du lac, et il y opéra beaucoup de miracles. Le déclin de Capharnaüm suivit de près les temps de Jésus-Christ (Matth. xi, 23 ; Luc, x, 15), et sa ruine est si complète que les traces mêmes de son emplacement ont disparu ; quelques savants indiquent Tell-Hum, d’autres Aïn Medawara, d’autres Khan-Minyéh.

Cène pascale. — Les quatre Évangélistes, racontent avec plus ou moins de détails la cène pascale que Jésus fit avec ses Apôtres la veille de sa mort : saint Matthieu, xxvi, 20-29 ; saint Marc, xiv, 17-25 ; saint Luc, xxii, 14-30 ; saint Jean, xiii, 1-30. On sait que ce fut dans cette dernière cène que le Sauveur institua l’Eucharistie. Les quatre récits, comme il arrive souvent dans les Évangiles, se complètent l’un l’autre, et pour savoir tout ce qui s’est passé dans ce moment solennel, il faut les comparer ensemble et les suppléer l’un par l’autre. Malheureusement il est assez difficile d’assigner l’ordre dans lequel se sont succédé les divers faits et discours, et les interprètes sont fort partagés sur ce point. Nous prions le lecteur qui voudra approfondir la question, de parcourir d’abord les péricopes évangéliques indiquées plus haut : cela fait, il pourra suivre facilement cette courte discussion.

1o Selon Jansénius, la trahison de Judas fut prédite par Jésus, non pas avant, mais après l’institution de l’Eucharistie : saint Luc, comme à l’ordinaire, marque l’ordre véritable ; et l’institution eut lieu après le lavement des pieds, immédiatement avant le vers. 21 de saint Jean.

2o Baronius pense que Notre-Seigneur annonça la trahison de Judas avant, et non après l’institution, qu’il place seulement au vers. 30 de saint Jean. Il est dit dans ce verset que Judas, après avoir pris la bouchée de pain trempé que lui donna le Sauveur, sortit aussitôt ; mais, dit Baronius, il ne faut pas presser le mot aussitôt ; Notre-Seigneur eut encore le temps, avant la sortie de Judas, d’instituer l’Eucharistie et de communier ses Apôtres ; cet adverbe indique seulement que le traître ne resta pas avec les autres pour entendre le long discours qui suivit la cène.

3o Suarez, Corn. Lapierre, le card. Tolet, etc., après saint Augustin, distinguent trois cènes ou repas qui auraient eu lieu dans cette soirée : la cène légale, ou manducation de l’agneau pascal ; la cène mystique, ou institution de l’Eucharistie et communion des Apôtres ; et la cène usuelle, ou repas ordinaire. Les faits se seraient succédé dans cet ordre : Après la cène pascale, lavement des pieds ; on se remet à table ; première prédiction de la trahi-