Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/551

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son de Judas, racontée par saint Matthieu, vers. 23-25 ; institution de l’Eucharistie et communion des Apôtres avant le vers. 23 de saint Jean ; deuxième prédiction de la trahison de Judas, racontée par saint Luc ; interrogation de Pierre, vers. 24 sv. de saint Jean ; sortie de Judas ; discours après la cène.

4o Le P. Patrizzi distingue trois prédictions de la trahison de Judas, trouve l’institution de l’Eucharistie dans le vers. 1 de saint Jean, et la fait suivre du lavement des pieds. D’où résulte cet arrangement : cène pascale ; première prédiction de la trahison de Judas (Matth. xxvi, 21-25) ; institution de l’Eucharistie (Jean, xiii, 1) ; deuxième prédiction de la trahison de Judas (Luc, xxii, 24-30) ; lavement des pieds (Jean, ibid. 2-11) ; dispute des Apôtres (Luc, ib. 24-30) ; discours après le lavement des pieds et troisième prédiction de la trahison de Judas (Jean, ib. 12 sv.).

5o Enfin Ad. Maier, Bucher, etc., après les Constitutions apostoliques, saint Hilaire, Innocent III, pensent que l’institution de l’Eucharistie n’eut lieu qu’après le vers. 35 de saint Jean : d’où il suit que Judas n’aurait point communié. D’après Ad. Maier, il n’y aurait eu qu’une seule prédiction de la trahison de Judas, ou, pour parler plus exactement, un seul discours non interrompu où le Sauveur prédit trois fois cette trahison dans l’ordre marqué par saint Jean : a) au vers. 18 ; b) au vers. 21 ; puis, après les vers. 24, 22 et 25 de saint Matthieu (Marc, xiv, 19, 21 ; Luc, xxii, 22, 23), c) au vers. 26 (Matth. vers. 23 ; Marc, 20 ; et peut-être Luc, 21, à moins que ce vers. ne corresponde à Jean, 18).

Au lieu de nous arrêter à juger en détail chacune de ces explications, nous préférons faire ici quelques remarques essentielles, dont toute solution sérieuse de la question doit tenir compte : — 1. L’hypothèse d’un repas commun qui aurait suivi la manducation de l’agneau pascal est contraire aux usages bien connus des Juifs. L’Évangile, non-seulement n’en laisse pas apercevoir la moindre trace, mais même semble l’exclure positivement lorsqu’il dit qu’après le chant de l’hymne Jésus et ses Apôtres sortirent du cénacle ; car le chant de l’hymne était le dernier rit de la cène pascale. — 2. Outre qu’il est peu naturel en soi de placer le lavement des pieds après le repas pascal, on sait que les anciens, et particulièrement les Orientaux, avaient coutume de se purifier par le bain avant de venir à un festin ; arrivés chez leur hôte, et avant d’entrer dans la salle, ils présentaient les pieds à un esclave qui les lavait, afin d’essuyer la poussière qui pouvait s’y être attachée pendant la route. Saint Jean fait allusion à cet usage, xiii, 10. — 3. La tradition est à peu près unanime à supposer que Judas assistait à l’institution de l’Eucharistie et qu’il communia. D’un autre côté, il est certain par l’Évangile que lorsque Judas sortit du cénacle le repas (pascal) durait encore : comp. Jean, xiii, 26-30. — 4. Saint Luc suppose évidemment qu’il y eut un intervalle entre les deux consécrations, celle du pain et celle du vin. En effet, après avoir raconté simplement la première, il ajoute : « Jésus prit de même le calice, après le souper, disant, » etc. — 5. Ces mots de saint Jean (xiii, 2) : καὶ δείπνου γενομένου que la Vulgate traduit, et cæna facta, seraient mieux ou