Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/567

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nait son nom à l’antique ville de Baneas ou Paneas (Césarée de Philippe), aujourd’hui village de Banias ; l’autre, plus petite, appelée Dan, aujourd’hui Tell-el-Kady. Les eaux réunies de ces deux sources coulent du nord au sud, tombent dans un petit lac appelé Marom, aujourd’hui Bar-el-Huleh, traversent en sortant de ce lac un lit rocailleux, reçoivent à droite un certain nombre de ruisseaux, et arrivent, après un cours d’environ trois lieues, au lac de Tibériade ou de Génésareth, qu’elles traversent. Appelé jusqu’alors Ordoun par les Arabes, le Jourdain, sous le nom nouveau de Schériah ou Schériah-el-Kébir, le grand abreuvoir, poursuit ou plutôt précipite son cours à travers de nombreux rochers, au milieu d’une nature aride et désolée, jusqu’à ce qu’il trouve son tombeau dans la mer Morte. La plaine du Jourdain, aujourd’hui el Ghor, large de deux ou trois lieues, est en général aride et stérile ; le sol est en beaucoup d’endroits, surtout à l’approche de la mer Morte, couvert d’une croûte salée, et de loin en loin se trouvent de petits monceaux d’une poussière menue semblable à du soufre ; la vallée du fleuve, les environs de Génésareth, et au sud l’oasis de Jéricho sont seuls fertiles. Tel est le fleuve sur les rives duquel se sont déroulés les événements les plus merveilleux de l’histoire, événements inaugurés eux-mêmes par un miracle, puisque les eaux du Jourdain se retirèrent pour laisser passer ses futurs maîtres marchant à la conquête du pays. Dans la suite, ce fut là qu’Elie et Elisée exercèrent leur ministère : Elie, figure de Jean-Baptiste, qui devait, sur ces mêmes bords, fermer l’Ancien Testament ; Elisée, figure du Messie, qui devait partir de là pour fonder l’œuvre de la Nouvelle Alliance et de la Rédemption du monde. Jésus, en recevant le baptême dans le Jourdain, sanctifia l’eau en général et en fit le véhicule de la première grâce, celle qui donne la qualité d’enfant de Dieu, en même temps que par cet acte d’humilité et d’obéissance il offrait un sacrifice satisfactoire pour l’humanité entière. Le bain que les pèlerins prennent dans le Jourdain, le respect qu’on attache aux eaux de ce fleuve, rappellent ces grands et pieux souvenirs. — Kirchen-Lexicon, art. Jourdain, par S. Mayer.

Judée : voy. Palestine.

Logos. L’Évangéliste saint Jean nomme la seconde personne divine ordinairement Fils de Dieu, quelquefois Fils unique du Père, et dans le prologue de son Évangile Logos (λόγος), Verbum dans la Vulgate, c’est-à-dire verbe ou parole de Dieu. Nous n’avons pas à nous occuper du sens dogmatique et théologique de cette dernière expression, évidemment synonyme des deux autres (voyez les notes du chap. i de saint Jean) ; nous voulons seulement répondre à cette question : Pourquoi saint Jean a-t-il appelé λόγος la deuxième personne de la sainte Trinité ?

D’abord il le pouvait. En effet, le Fils de Dieu est, selon le langage de saint Paul, la force et la sagesse de Dieu (1 Cor. i, 24), l’image du Dieu invisible (Col. i, 15), celui en qui habite substantiellement la plénitude de la divinité (ibid. ii, 9), la splendeur et le caractère (ou l’empreinte) de sa substance (Hébr. i, 3), de sorte que celui qui le voit voit le Père (Jean, xiv, 9) ; en un mot le Fils de Dieu, ou la seconde hypostase divine, est le Dieu manifesté. Or, cette