Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/76

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33 Vous avez encore appris qu’il a été dit par les Anciens : « Tu ne te parjureras point ; mais tu tiendras les serments faits au Seigneur. » Et moi, je vous dis de ne faire aucune sorte de serments ; ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu, ni par la terre, parce que c’est l’escabeau de ses pieds, ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand Roi. Ne jurez pas non plus par votre tête, parce que vous ne pouvez en rendre un seul cheveu blanc ou noir[1]. Mais que votre langage soit : Cela est, cela n’est pas. Ce qui se dit de plus vient du Malin[2].

38 Vous avez appris qu’il a été dit : « Œil pour œil et dent pour dent. » Et moi, je vous dis de ne pas résister à l’homme qui vous maltraite ; mais si quelqu’un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre. Et à celui qui veut vous appeler en justice pour avoir votre tunique, abandonnez encore votre manteau[3]. Et si quelqu’un veut vous obliger à faire

  1. Kuinœl : Vous ne pouvez faire (créer) un seul cheveu blanc ou noir. On ne désire guère, dit-il, rendre blancs les cheveux noirs. Argutie !
  2. Du démon. — Les Pharisiens divisaient les serments en graves et légers. Les premiers étaient ceux où le saint nom de Dieu intervenait ; les violer était un parjure. Quant aux serments faits par le ciel, par la terre, etc., ils y attachaient si peu d’importance qu’ils ne voyaient pas de parjure dans leur violation. N.-S. décide qu’il y a dans ces formules une espèce de religion qu’il faut respecter, et recommande à ses disciples de se contenter, dans les circonstances ordinaires, d’une simple affirmation ou négation. — « Si nous sommes remplis de Dieu et revêtus de J.-C, la vérité est en nous ; et nos discours étant fermes par le mérite de la source d’où ils sont partis, ne demandent pas d’être appuyés par la religion du serment. » Bossuet.
  3. La loi du talion, inscrite dans la législation mosaïque, l’était aussi dans les lois de Solon et dans celle des Douze Tables. Chez les Hébreux, dit Michaëlis, elle était adoucie par les sentences des juges, et, au témoignage de Josèphe, par les satisfactions pécuniaires. Mais les docteurs juifs en avaient abusé pour ouvrir la voie aux vengeances privées. Les disciples de Jésus seront animés d’un