Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/79

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En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour vous, quand vous voulez prier, entrez dans votre chambre, et, en ayant fermé la porte, priez votre Père dans le secret ; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra[1]. Dans vos prières, ne multipliez point les paroles, comme font les païens, qui s’imaginent être exaucés à force de paroles. Ne leur ressemblez point, car votre Père sait tout ce dont vous avez besoin, avant que vous le demandiez[2]. Vous prierez donc ainsi :

10 Notre Père, qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sanctifié. Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance. Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui nous doivent. Et ne nous induisez point en tentation, mais délivrez-nous du Malin[3]. Ainsi soit-il.

14 Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra aussi vos péchés.

  1. La prière est donc quelque chose de méritoire. Comment en serait-il autrement, puisqu’elle procède de l’amour pour Dieu et le prochain ? Il ne faut pas se figurer que les âmes qui font de la prière la principale occupation de leur vie soient inutiles pour le monde. Les plus grands événements, les faits de l’histoire les plus féconds en heureux résultats, sont décidés, moins par l’épée d’un guerrier ou la sagesse d’un homme d’État, que par les soupirs des âmes qui prient dans le secret de leur retraite ; c’est ce que révélera au monde le grand jour du jugement. Allioli.
  2. Mais alors à quoi bon prier ? Nous prions, dit saint Augustin, non à cause de Dieu, mais à cause de nous-mêmes, parce que la prière nous dispose à recevoir les dons de Dieu. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que N.-S. ne condamne pas d’une manière absolue les prières publiques ou prolongées, mais uniquement celles qui sont faites par vanité et sans aucune disposition intérieure.
  3. Ne permettez pas que nous succombions aux attaques de notre ennemi, mais délivrez-nous du Malin, c.-à-d. de Satan, qui est cet ennemi.