Page:Augustin Crampon - Traduction de la Bible - Desclée 1923.djvu/1622

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n’avaient pas péché, par une transgression semblable à celle d’Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir.

15 Mais il n’en est pas du don gratuit comme de la faute ; car si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes[1]. 16 Et il n’en est pas du don comme des suites du péché d’un seul[2] ; car le jugement a été porté à cause d’une seule faute pour la condamnation, tandis que le don amène la justification de beaucoup de fautes. 17 En effet, si, par la faute d’un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ.

18 Ainsi donc, comme par la faute d’un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d’un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie. 19 De même en effet, que par la désobéissance d’un seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul tous seront constitués justes. 20 La loi est intervenue pour faire abonder la faute ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé[3], 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur[4].

2. Chap. vi.Deuxième fruit de la justification. Le chrétien est affranchi de la servitude du péché : inséré en Jésus-Christ par le Baptême, il est mort au péché et ressuscité à une vie nouvelle (1-11) ; il ne doit donc plus obéir au péché (12-14). Devenu esclave de la justice il est tenu désormais de vivre saintement (15-23).

6. Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? 2 Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ?[5] 3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ?[6] 4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. 5 Si, en effet, nous avons été greffés sur lui[7], par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : 6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché[8] ; 7 car celui qui est mort est affranchi du péché.

    la trangression d’une loi positive. Cependant il n’y a pas eu de loi positive d’Adam à Moïse, et cependant la mort régnait. Elle était donc l’effet du premier péché.

  1. (et au vers. 19) tous les hommes, en gr. οι πολλοι, la multitude des enfants d’Adam. La Vulg. traduit multi, beaucoup. L’Apôtre met en opposition un et la multitude, la masse, le genre humain, comme un seul et tous.
  2. Par un seul qui a péché ; Vulg., par un seul péché ; même sens au fond.
  3. Intervenue, entre Adam et J. -C. D’autres, est venue en outre (gr. pareisethlèn), à côté du péché qui était déjà entré eiselthèn) : comp. v. 12. — Vulgate, est venue comme à la dérobée, sens qui ne va guère ici. Comp. Gal. ii, 4. — Pour faire abonder la faute : l’effet immédiat de la Loi fut d’augmenter le nombre des offenses, soit en faisant connaître et souvent désirer le péché à ceux qui l’ignoraient, soit même en multipliant par ses préceptes positifs, les occasions de chute et par suite les actes défendus. Ainsi en faisant sentir à l’homme sa misère elle eut pour effet, en fait et dans l’intention divine, de lui faire désirer le Sauveur ; elle fut par là un pédagogue conduisant à J.-C. Voy. Gal. iii, 19 sv.
  4. Par la mort, en donnant la mort. Vulg., Pour donner la mort.
  5. Mourir ou vivre à quelqu’un ou à quelque chose sont des expressions familières à S. Paul ; elles signifient : rompre ou entretenir un commerce, des relations assidues avec cette personne ou cette chose. Comp. I Pier., ii, 24.
  6. Dans les premiers siècles, le baptême se conférait par immersion ; le catéchumène était entièrement plongé dans l’eau, d’où il sortait aussitôt. Paul ne voit pas seulement dans ce double rite un symbole extérieur de la mort (suivie de la sépulture) et de la résurrection (sortie du sépulcre) de J.-C. ; il y attache une signification plus intime : l’immersion, c’est la mort au péché, c’est le vieil homme, l’homme selon la nature, qui disparaît sous les eaux et s’ensevelit comme dans un sépulcre ; l’émersion, c’est la naissance de l’homme nouveau, de l’homme régénéré par l’Esprit-Saint.
      En J.-C., (in Christum et non in Christo, comme traduit la Vulg.), insérés en J.-C. devenus ainsi ses membres et vivant de sa vie. Comp. Jean, xv. 1 sv.
  7. Greffés ; c’est la signification littérale du grec sumphutoi. D’autres : dans notre union intime avec lui. Vulgate : Si nous sommes devenus une même plante avec lui pour la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par la ressemblance de sa résurrection.
  8. Le vieil homme désigne dans S. Paul l’homme naturel, tel qu’il naît et vit moralement, avant d’être régénéré en J.-C. (Jean, iii, 3 ; Tit. iii, 5). — Le corps du péché, la nature déchue, prise dans son ensemble, siège de la concupiscence. Comp. Gal. v, 24. Ailleurs, S. Paul dit : Le corps de la chair (Col. ii, 11), ou simplement la chair.