Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
L’OISEAU BLEU.

Elles finirent leur conseil si tard, qu’il était plus de minuit lorsqu’elles résolurent de monter dans la tour pour l’interroger.

Elle était avec l’aimable Oiseau Bleu à la fenêtre, parée de ses pierreries, coiffée de ses beaux cheveux, avec un soin qui n’est pas naturel aux personnes affligées : sa chambre et son lit étaient jonchés de fleurs, et quelques pastilles d’Espagne qu’elle venait de brûler, répandaient une odeur excellente. La reine écouta à la porte : elle crut entendre chanter un air à deux parties ; car Florine avait une voix presque céleste. En voici les paroles, qui lui parurent tendres :


Que notre sort est déplorable,
Et que nous souffrons de tourments
Pour nous aimer trop constamment !
Mais c’est en vain qu’on nous accable ;
Malgré nos cruels ennemis,
Nos cœurs seront toujours unis.


Quelques soupirs finirent leur petit concert.

Ah ! ma Truitonne, nous sommes trahies, s’écria la reine en ouvrant brusquement la porte, et se jetant dans lá chambre.

Que devint Florine à cette vue ? Elle poussa promptement sa petite fenêtre, pour donner le temps à l’Oiseau royal de s’envoler. Elle était bien plus occupée de sa conservation que de la sienne propre ; mais il ne se sentit pas la force de s’éloigner, malgré le danger qu’il