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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

Voilà les trois plus considérables aventures qui arrivèrent à Avenant dans son voyage : il était si pressé d’arriver, qu’il ne tarda pas à se rendre au palais de la Belle aux Cheveux d’Or. Tout y était admirable ; l’on y voyait les diamants entassés comme des pierres, les beaux habits, l’argent, enfin les choses les plus merveilleuses ; et il pensait en lui-même, que si elle quittait tout cela pour venir chez le roi son maître, il faudrait qu’il jouât bien de bonheur. Il prit un habit de brocard, des plumes incarnates et blanches ; il se peigna, se poudra, se lava le visage ; il mit une riche écharpe toute brodée à son cou, avec un petit panier, et dedans un beau petit chien, qu’il avait acheté dans son chemin. Avenant était si bien fait, si aimable, et il faisait toutes choses avec, tant de grâce, que lorsqu’il se présenta à la porte du palais, tous les gardes lui firent une grande révérence ; et l’on courut dire à la Belle aux Cheveux d’Or qu’Avenant, ambassadeur du roi son plus proche voisin, demandait à la voir.

Sur ce nom d’Avenant, la princesse dit à ses femmes : Donnez-moi ma grande robe de satin bleu brodée, éparpillez bien mes blonds cheveux, et faites-moi des guirlandes de fleurs nouvelles, car je veux qu’il dise partout que je suis vraiment la Belle aux Cheveux d’Or.

L’on conduisit Avenant dans la salle d’audience ; il demeure transporté d’admiration ; néanmoins il prit, courage, et fit sa harangue à merveille : il pria la princesse qu’il n’eût pas le déplaisir de s’en retourner sans elle. Gentil Avenant, lui dit-elle, toutes les raisons que vous venez de me conter sont fort bonnes, et je vous assure que je serais